Équipe de France de Softball
Publication } 04-04-2020
L’une avait annoncé sa retraite internationale du softball féminin en juillet 2019, à l’issue du tournoi de qualification Olympique de Softball Europe/Afrique venant ponctuer un été historique pour l’Équipe de France féminine de Softball. L’autre avait attendu quelques mois supplémentaires avant, elle aussi, d’annoncer raccrocher les crampons.
Il fallait s’y attendre, car les athlètes laissent rarement passer la chance de mettre un terme à leur carrière sur une note positive lorsqu’ils/elles en ont l’occasion. De nombreuses joueuses qui ont brillé sous le maillot bleu n’ont malheureusement pas eu cette chance.
On leur avait prévu une sortie par la grande porte, avec une mise à l’honneur lors de la troisième édition du France International Fastpitch Softball Tournament – Achille Challenge à la pentecôte 2020. Patatras, le COVID-19 est passé par là. Pas de Achille, pas de cérémonie et c’est au travers d’une interview croisée – en attendant de pouvoir faire mieux – que l’on vous propose de revenir sur la carrière de deux piliers de l’Équipe de France féminine de Softball, Sarah Benchali et Raina Hunter.
Ensemble, elles ont disputé 6 Championnats d’Europe, 1 Championnat du Monde et 1 tournoi de qualification Olympique rien qu’au niveau senior sous le maillot bleu. Si Raina a disputé 2 Euros de plus que Sarah, elles figurent toutes les deux parmi les plus capées de l’Équipe de France féminine de Softball.
Individuellement, elles ont beaucoup apporté à l’équipe de France avec des performances notables. Deux titres de meilleure lanceuse pour Sarah, à l’Euro U22 2012 – lors duquel la France remporte la médaille de bronze – et lors de l’Euro 2013; des records de statistiques individuelles sous le maillot bleu pour Raina, dont le plus grand nombre de points produits (23).
Ensemble, elles ont gagné 6 titres de Championnes de France et 2 Challenges de France de Softball Féminin, avec Toulon puis Saint-Raphaël. Déjà titrée avec Nice dans les années 2000, Raina compte pas moins de 10 couronnes nationales à son actif.
Ensemble, elles ont gagné la Coupe d’Europe de Softball Féminin dite “B” avec les Comanches de Toulon – Saint-Raphaël désormais – en 2015, faisant monter la France dans le Top 10 du softball européen de club, la Women’s European Premiere Cup.
Si elles ont évidemment marqué les Bleues du softball par leur talent, c’est aussi par leur personnalité et leur culture de la gagne qu’elles s’étaient imposées comme des leaders en Équipe de France.
Ancienne coéquipière devenue leur manager, Céline Lassaigne se souvient: "Raina, c'est une mentalité de gagneuse, une athlète avec beaucoup de niaque - un trait de caractère que nous partagions. Sarah impressionnait par son abnégation et sa capacité à rester de marbre alors qu'elle est passée par de nombreux moments de doute. Elle donnait le meilleur d'elle-même et répondait toujours présente."
Même si elle semble toujours bien présente, cette envie de jouer et de gagner, la décision de s’arrêter est pourtant mûrement réfléchie.
Raina Hunter: "C'est beau de terminer sur une saison hors du commun. J'avais encore envie de jouer mais je pense qu'il faut savoir s'arrêter et laisser la place aux jeunes."
Sarah Benchali: "Moi aussi. J'ai fait tellement de sacrifices, déjà plus de 15 ans consacrés au softball de haut-niveau, les hivers longs, la préparation physique, les week-ends sur les terrains...J'avais envie de passer la main et de me recentrer sur moi."
Une décision difficile à prendre, car on ne s’éloigne pas des terrains sans ressentir un certain manque.
Sarah Benchali: "La vie d'équipe, la fierté de porter le maillot France, l'adrénaline des matchs, les frissons lors de la Marseillaise...c'est dur de s'en séparer."
Raina Hunter: "C'est vrai. Mes coéquipières me manquent déjà "
Quand on ouvre la boîte à souvenirs, on y retrouve des moments clés de leur carrière, dans la joie comme dans la souffrance.
Les premières Marseillaises, en 2000 pour Raina, en 2008 pour Sarah. Celle, très symbolique, de 2016 lors des Championnats du Monde de Softball Féminin WBSC – seulement les deuxièmes Mondiaux auxquels participe à la France – à Surrey, au Canada, le lendemain des Attentats de Nice.
Raina Hunter: "Ma première sélection, c'était en junior en 2000. J'étais excitée, je me souviendrais toujours de cette première Marseillaise. Je me souviens aussi m'être fait un claquage le jour de mes 18 ans, j'étais déçue mais ça m'a motivé pour revenir plus forte."
Sarah Benchali, elle, se souvient aussi d'une blessure qui a laissé des traces: "Je me blesse face à l'Espagne, lors de l'Euro 2017, dans un match couperet pour la qualification dans le Top 8 de la compétition. Je ne pouvais même plus relayer la balle en première base. On perd le match en manche supplémentaire alors qu'on avait déjà perdu dans les mêmes circonstances face aux espagnoles en 2015. C'était très dur mentalement pour moi."
Côté positif on trouve ce home-run frappé par Raina Hunter face à l’Allemagne au Torneo della Repubblica, un tournoi international organisé par l’un des clubs de la région de Milan en préparation des Championnats d’Europe. Pour la petite histoire, le signal en provenance de Céline Lassaigne était…un squeeze, heureuse erreur de lecture pour Raina !
Chez Sarah, c’est ce retour de frappe direct à deux retraits avec une coureuse en deuxième base attrapé de volée qui offre la victoire 1-0 à la France face à la Slovaquie lors des Championnats d’Europe de Softball U22 2012. Un scénario digne d’un film pour un succès crucial glané sur la route d’une médaille de bronze obtenue un 14 juillet.
On retrouvait dans l’effectif certaines des athlètes qui allaient former l’ossature de l’Équipe de France féminine de Softball des années 2010 comme Pauline Prade, Aliénor Toumit, Carrie Pitcher et Eloïse Tribolet. Raina, elle, y était en tant que membre de l’encadrement de l’équipe.
Mais s’il est bien un souvenir qui restera gravé à jamais, c’est ce Top 6 décroché à l’Euro 2019 après une victoire face à la Grèce au deuxième tour de la compétition. Une journée interminable lors de laquelle les Bleues ont joué trois matchs (une victoire face à la Suède, une défaite face à la République tchèque puis une victoire face à la Grèce).
Un match interminable, lui aussi. Les Bleues, qui menaient 7-1 après cinq manches, ont vu les grecques revenir à un point et se sont finalement imposées 7-6 au terme d’un final au suspens insoutenable.
Une délivrance doublée d’un sentiment de revanche sur le destin.
Sarah Benchali: "On avait échoué deux fois en 2015 et 2017, face à l'Espagne, c'était très présent dans nos esprits. Cette fois-ci, on l'a fait."
Arrivées à Utrecht, deux semaines plus tard, avec l’ambition de bien figurer dans un tournoi à huit équipes dont seul le vainqueur était qualifié pour les Jeux, les Bleues ont battu le Botswana et se sont inclinées avec la manière face à la République tchèque et à l’Italie. Une aventure unique à revivre dans la vie en bleue, un clap de fin donc sur les carrières de joueuses de Raina et de Sarah.
Pas question, pour autant, de rester loin des terrains. Si Sarah ne s’est pas encore projetée dans l’après mais multiplie les interventions pour contribuer à la formation des lanceuses de demain dans les régions, Raina est déjà bien impliquée en tant qu’entraineuse et est notamment Manager de l’Équipe de France féminine de Softball U18 (anciennement U-19).
Et Raina Hunter de conclure: "Je suis là et je resterai dans le baseball-softball français jusqu'à ce que je ne puisse plus mettre un pied devant l'autre."