Fédéral

Publication } 08-03-2024

Dans ce dixième épisode de Femmes de Sport, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, nous partons à la rencontre Géraldine Gauzelin Ors, joueuse et entraîneure en baseball comme en softball mais également dirigeante en club et au niveau régional.

Elle est née le 13 décembre 1980 dans le 4ème arrondissement de Lyon, métropole proche de laquelle elle réside toujours.

Nos sports ont toujours fait partie de la vie de Géraldine, et son parcours atypique dans le monde féminin du baseball et du softball en France est un témoignage inspirant de persévérance et de détermination. Au fil d’un entretien captivant, elle nous a plongés dans son histoire, marquée par des défis et des réussites.

Tout à commencé au dans les années 99/2000, lorsqu’elle était à la fac, elle a trouvé un Flyer d’une équipe de Baseball/Softball sur le pare-brise de sa voiture : Les Diamonds de Lyon. Géraldine avait alors 19 ans, l’accès aux informations était plus limité qu’aujourd’hui mais ayant baigné dans la culture anglo-saxonne depuis son enfance, elle n’a pas hésité. 

Elle a donc intégré le club des Diamonds en Softball et son premier poste fut Champ extérieur droit “comme beaucoup d’entre nous à leur début”, mais Géraldine avait un autre objectif, j’ai toujours voulu être catcheuse dès mes débuts.”

 

 

Cependant, après deux années dans le club, son engagement a été interrompu en raison de son travail dans le secteur du VTC de luxe, mettant ainsi de côté le sport pendant près d’une décennie.

Après environ 12 d’absence, Géraldine a repris le softball à l’âge de 32 ans, refusant de laisser le temps altérer sa passion.

Elle a intégré le club de Meyzieu dans lequel elle a de nouveau pu jouer au Softball. A l’époque de nombreuses femmes étaient obligées de faire du Softball, le Baseball n’étant pas ouvert à la mixité et les équipes de filles peu ou pas développées.

Une opportunité s’est présentée à Géraldine car le président du club cherchait de l’aide pour coacher les jeunes en baseball. Animée par sa passion et son esprit perfectionniste, Géraldine s’est immergée dans la documentation pour mieux guider les jeunes, obtenant même le diplôme DFI avec Marc Dalibard.

C’est lors de ses années de coaching des jeunes que Géraldine a réalisé l’importance d’apporter des valeurs et une formation de vie à la nouvelle génération. Cela lui tenait particulièrement à cœur, conduisant à la création du club des Bats de Saint Romains de Jalionas  en 2013 en collaboration avec les parents de jeunes joueurs qu’elle entraînait. 

Le Club des Bats est aujourd’hui un des clubs qui s’engagent et ont permis de mettre en avant la pratique féminine et cela se ressent même dans la composition du Bureau.

 “Nous sommes 5 et il y a 4 femmes pour un homme, seul notre président Xavier Grandjean représente la minorité masculine”

Géraldine reste très engagée sportivement chez les Bats et met son savoir et son expérience au service du club. Elle est désormais coach des équipes régionales 18U, 9U et seniors, s’est fixée comme objectif principal de former les meilleurs êtres humains.

“Chez les Bats je suis responsable de tout ce qui est sportif. J’entraîne des 9U aux seniors avec une bonne équipe d’entraîneurs à mes côtés. Pour les matchs je coache les 9U, les 18U et les seniors. Je collabore avec Mattias en 9U, Jérôme en 12U et Kelvin en 15U, Rémi en pitching coach et c’est très plaisant de pouvoir encore compter sur de vrais bénévoles investis, chose de plus en plus rare !”

 

 

Entre temps, elle a l’opportunité de devenir coach de l’équipe de France 16U de softball.

“Je l’ai été à deux reprises sous la direction de Ghislaine Ethier en 2012 me semble-t-il. Et puis avec Céline Lassaigne et Pierre Giraudeau en 2017”

Durant son parcours, Géraldine a aussi connu une sélection en équipe de France en 2019 pour les tous premiers championnats d’Europe féminin de Baseball. Alors âgée de 39 ans, elle était empreinte de doute et avait des réserves sur sa capacité à être sélectionnée.

“Il faut beaucoup de capacités tant physiques que morales pour faire partie d’une équipe nationale, à 39 ans quand il faut travailler trois fois plus dur pour un résultat physique moindre que les filles d’à peine 20 ans, j’avais pas mal d’incertitudes sur ma capacité à être meilleure que d’autres.”

Cette année-là les Françaises remportent le titre de championne d’Europe, avec Géraldine au poste de receveuse, son poste de prédilection.

“J’étais catcher (receveuse), qui reste encore à ce jour mon poste préféré, et que j’ai la chance de pouvoir encore exercer. Même si ça n’est plus en équipe de France, je me maintiens en condition grâce notamment à un excellent préparateur physique”

 

 

Son parcours a connu un tournant majeur avec l’obtention du premier titre de championne d’Europe mais la pandémie a mis en lumière la nécessité d’une reconversion, et Lahcène lui a proposé un poste de coach, ajoutant une nouvelle dimension à son riche parcours.

“Au niveau national je fais partie du coaching staff de l’équipe de France féminine de baseball, avec en manager Lahcène Benhamida, et en coachs Serge Garcia et David Millasseau, une superbe équipe qui m’apporte beaucoup autant humainement qu’en expérience. J’espère pouvoir continuer à œuvrer pour le collectif Féminin France Baseball.”

 

 

En 2023, l’équipe de France féminine de Baseball était qualifiée pour la Coupe du Monde au Japon. Malgré l’absence de victoire, ce fut pour Géraldine une expérience inoubliable.

“[Cela m’a apporté]  une immense humilité. La population asiatique est tellement gentille et humble, alors qu’ils sont tout le temps dans les meilleurs à tous les niveaux que ce soit sur ou en dehors du terrain. Et puis bien sûr l’immense chance de pouvoir vivre ce genre d’expérience une fois au moins dans sa vie. C'est incroyable de voir ce talent au sein de l’équipe de France mais également en apprenant de la confrontation avec les meilleures mondiales. Il y a un tel choc des cultures ! De Cuba, où certaines filles aspirent parfois à d’autres horizons tellement les conditions y sont dures, à la discipline extrême et millimétrée des professionnelles asiatiques."

Cependant, son parcours n’a pas été sans obstacles. En tant que femme sur les terrains, Géraldine a été confrontée à des réflexions sexistes, exigeant deux fois plus d’efforts pour mériter sa place. Malgré cela, elle insiste sur l’importance de rester précise dans l’apprentissage, de rester à l’affût et de maintenir la qualité dans le coaching.

Fière de son parcours, Géraldine reconnaît qu’elle reste une figure rare sur le terrain, mais la plupart des interactions sont positives. Elle aspire à développer davantage le baseball au féminin en France, confrontant les stéréotypes qui persistent dans certains clubs. 

“ Beaucoup de clubs pensent encore que les filles ne peuvent pas jouer au baseball car c’est trop dangereux, mais en partant du principe que le baseball est sport de mixité physique pourquoi les filles ne pourraient-elles pas jouer au baseball ? ”

Son projet ambitieux inclut des rassemblements féminins en région et des week-ends de formation pour motiver les filles à rejoindre le baseball.

Quant à l’avenir, Géraldine souhaite rester impliquée le plus longtemps possible, même à l’âge de 43 ans. Son objectif est de contribuer au développement de l’équipe de France, de rester dans le staff et de faire perdurer l’équipe féminine française, inspirant ainsi les générations futures de joueuses de baseball.

 

 

 

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