Fédéral
Publication } 29-04-2024
Dans ce onzième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Clélia COSTES, joueuse internationale de softball au parcours inspirant.
Née à Grenoble le 20 septembre 2003, Clélia s’est vue transmettre la passion du baseball par son père dès le plus jeune âge. En effet, ce dernier, qui jouait au baseball à haut niveau et a intégré le Pôle France, évoluait à l’époque au club des Grizzlys de Grenoble en équipe Senior. Si pour Clélia, ce sport représentait au début un loisir qu’elle aimait partager en famille : jamais elle n’aurait imaginé que ce passe-temps prenne, plus tard, une telle ampleur dans sa vie.
“Quand j’étais petite, à l’âge de 6-7 ans, mon père m’a acheté une batte en mousse et des grosses balles, et on jouait en loisir. Et un jour, il m’a dit “Viens, il y a des entraînements 9U” (au club de Grenoble Grizzlys dans lequel il évoluait). Et donc j’ai fait mon premier entraînement, et puis après j’ai continué. Je me suis inscrite, et j’ai fait les 9U.”
La jeune grenobloise dispute ensuite son premier match de baseball en 12U, et est surclassée d’un an. Clélia se constitue alors un groupe d’amies proches (de la génération 12U-15U) qui pratiquent également le baseball, et avec qui elle évoluera durant plusieurs années : Yasmine DERBAL, Chiara ENRIONE-THORRAND, Emma PATRY ou encore Emma BLANC-JOUVAN.
Si certaines continueront au Pôle Espoir Baseball, Clélia préfèrera quant à elle se tourner directement vers le softball, qui lui semble davantage propice à une évolution à haut niveau.
Suite au passage de Céline LASSAIGNE sur Grenoble (venue dans le cadre de détections), les filles sont appelées aux sélections du Pôle France à Boulouris. Le processus de haut niveau commence alors pour Clélia, qui devient externe au Pôle France et accède aux sélections pour intégrer l’équipe de France U16.
2017 :
Ces premiers regroupements sont l’occasion pour les joueuses de s’essayer à tous les postes et d’ainsi découvrir leurs points forts. Pour Clélia qui souhaitait à la base être “catcheuse” (receveuse), les essais de lancers étaient une première. Et pourtant, la jeune joueuse se révèle fortement à ce poste ! Ainsi orientée vers le lancer par le staff, Clélia apprend un tout nouveau mouvement et s’entraîne sans relâche, afin de pouvoir performer une fois en match avec l’équipe de France U16. La Grenobloise en garde de très bons souvenirs, et une forme d’innocence de simplement s’atteler à son passe-temps favori :
“Comme c’était ma première équipe de France (U16), j’étais un peu innocente : j’y allais mais pour moi, ce n’était même pas du haut niveau, je faisais juste le sport que j’aime et j’étais en équipe de France donc c’était dingue !”
Une expérience qui donnera envie à Clélia de consacrer encore plus de temps au softball, et de s’investir pleinement à sa passion :
“C’est là, je pense, que je me suis dit : je veux faire ça à haut niveau, je veux vivre des expériences comme ça les étés ! Je veux me donner à fond pour être en équipe de France, pour arriver le plus loin possible !”
Plusieurs de ses amies intègrent par la suite le Pôle France à Boulouris, et la Grenobloise vise alors elle aussi ce but ultime : les rejoindre pour “faire ça toute la journée” ! Un objectif atteignable si elle finit d’abord ses années de collège.
2018 :
En attendant, Clélia intègre l’équipe de Division 1 des Grizzlys de Grenoble en 2018. Épaulée par Stella FERRAUTO et Victoria BITEUR, la jeune femme prend ses marques et lance sa première saison en Division 1 dans les Alpes. Après un match contre l’Entente BCF Paris durant lequel elle a relevé et pris zéro points, Clélia prend conscience de ses capacités et se réjouit de son nouveau poste : “En fait j’adore lancer, j’adore ces sensations quand on lance.”
Forte de ces constats, elle persévère et intègre alors le Pôle France en 2018. Une consécration pour la Grenobloise, qui commence alors la musculation en complément de la préparation physique qu’elle exerçait déjà. Elle progresse à toute allure, et change notamment toute sa motion et sa technique. En outre, le Championnat d’Europe U19 auquel elle participe en 2018 avec l’équipe de France sera une belle occasion de mettre en pratique ces multiples entraînements.
2019 :
L’année suivante, Clélia vivra ce qu’elle décrit comme l’un de ses meilleurs championnats : celui avec l’équipe de France pour le Championnat d’Europe U16. Une compétition dans une ambiance conviviale aux côtés de ses amies, et pour laquelle la performance a suivi.
Par la suite, la venue du coach japonais Toshihiro KURIYAMA (surnommé “Toshi”) au Pôle France fera germer de nouvelles ambitions dans les esprits, dont celui de Clélia. Le manager de l’équipe professionnelle japonaise de Minamo vient accompagné d’Ayani, une ancienne lanceuse de cette même équipe, qui impressionnera Clélia de par ses effets et la vitesse de ses lancers. Cette dernière discutera alors avec Toshi d’une possibilité de venir leur rendre visite au Japon, et l’idée restera dans un coin de sa tête.
En parallèle, la Grenobloise devient réserviste de l’équipe de France Senior !
2020 :
Alors que nombreuses sont ses camarades à vouloir partir aux Etats-Unis, Clélia y pense mais se remémore aussi l’hypothèse du Japon, qui semble davantage lui parler. Après plusieurs mois de construction d’un projet complet et avec l’aide de ses parents, elle se procure le mail de Toshi et parvient à le traduire en Japonais grâce à un ami de son père. Pour son plus grand bonheur, Clélia reçoit une réponse positive ! Cependant, la covid-19 retardera le voyage.
2021 :
En effet, le virus obligera Clélia à patienter et à trouver de nouvelles solutions afin de poursuivre les entraînements en étant confinée. La jeune femme refait une entrée au Pôle France et enchaîne en 2021 avec ses premières sélections en équipe de France Senior (après y avoir été réserviste en 2019). Clélia est également élue meilleure lanceuse du Challenge de France de Softball 2021.
Parallèlement, la lanceuse a un emploi du temps chargé entre les études, le travail en service civique et le sport de haut niveau. Si elle a une appétence première pour la sociologie, Clélia s’oriente finalement vers du droit à la Sorbonne en distanciel afin de concilier études et suivi au CREPS (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive). Le distanciel n’étant pas adéquat, elle décide de rentrer dans sa ville natale et de débuter des études en présentiel (sous la forme d’un étalement de licence).
Les premières sélections en équipe de France Senior arrivent alors, en même temps que celles des U18. Clélia évoque ici une phase que tout athlète de haut niveau est amené à rencontrer : celle de la remise en question. La Grenobloise commence alors la préparation mentale.
2022 :
Fin 2021, Clélia fait appel à un préparateur mental prénommé Damien, qui lui donnera une multitude d’outils mentaux et d’astuces qui l’aideront à appréhender au mieux les Championnats d’Europe U22 et Senior l’année suivante. Un travail sur le long terme qu’elle continue à l’heure actuelle, et qui lui aura fait le plus grand bien :
“Je suis arrivée aux Championnats d’Europe en me disant : j’ai juste envie d’y aller, de tout éclater, de vivre ma passion, de me donner à fond et puis on verra bien ce que ça donne !”
Qu’à cela ne tienne : Clélia réalise ensuite l’une de ses meilleures performances aux Championnats d’Europe U22, dans un état d’esprit serein et entourée d’une équipe qu’elle affectionne. Chez les Seniors, la jeune femme gardera également un très bon souvenir de la compétition.
En parallèle, Clélia remporte sa première médaille nationale en gagnant le Challenge de France de Softball féminin 2022 avec les Grizzlys de Grenoble, et en étant même élue MVP (Most Valuable Player).
La Grenobloise est également élue meilleure lanceuse du Championnat de France de Division 1.
2023 :
Durant toutes ces années, Clélia reste en contact avec Toshi et parvient ainsi à aller au Japon en février 2023. Accueillie par l’amie de son père, elle arrive pendant le “Gujo Camp” qui est un camp d’entraînement d’une durée de deux semaines.
“On est de 8h00 du matin à 17h00 du soir sur le terrain ou en salle de musculation.”
Directement impressionnée par le niveau des Japonaises, Clélia garde le souvenir d’un accueil chaleureux et bienveillant de leur part.
“La balle tournait si vite, ça frappait si fort ! J’avais jamais vu ça. J’ai été super bien accueillie par toute l’équipe, elles étaient adorables, dont une lanceuse qui s’appelle Marin (prononcé “Maline” – l’équivalent de Marine en français)”.
Marin ASAI est une lanceuse professionnelle que Clélia avait déjà croisé en 2022, lors d’un stage de l’équipe japonaise au CREPS. La Japonaise l’aidera et la conseillera énormément. Clélia participera même à un match de préparation avec elle : Minamo contre Minamo.
Sur un petit nuage, la lanceuse doit malheureusement rentrer en France pour ses partiels et son service civique.
De retour dans l’hexagone, Clélia continue de se perfectionner en mettant en pratique l’ensemble des exercices et conseils rapportés du Japon. Elle retrouve également sa préparatrice physique Fanny ARPIN, qui exerce pour le club des Grizzlys de Grenoble.
En août 2023, retour au Japon ! Clélia décide en effet de repartir durant sa période de vacances, et enchaîne les matchs de préparation avec l’équipe japonaise en étant autorisée à lancer une à deux manches à chaque fois. Une immersion très enrichissante pour la lanceuse qui décrit avoir découvert une autre culture du jeu, de nouvelles personnes, une autre vision et un respect du softball qui l’a impressionné.
“Au Japon on salue le terrain à chaque fois, on dit “Onegaishimasu” qui veut dire “S’il vous plaît” au terrain à chaque début d’entraînement. À chaque fin d’entraînement on dit “Arigato gozaimasu” qui veut dire “Merci beaucoup, merci de nous avoir accueilli”.
C’est fou, même le respect qu’il y a entre les joueuses, l’organisation et les entraînements : tout le monde sait ce qu’il doit faire à chaque moment. Les lanceuses, par contre, on est autonomes, mais tu ne vois jamais une lanceuse assise en train de rien faire. Elles courent, elles font des abdos, elles font du bullpen, enfin elles font toujours quelque chose. C’est super carré, ça va vite.”
Par la suite, Clélia rentre en France afin de participer à sa toute première Coupe d’Europe avec les Grizzlys de Grenoble (grâce à leur victoire en 2022 au Challenge de France). Une équipe qu’elle affectionne depuis son enfance, et avec laquelle elle a continué d’évoluer depuis 2018, en Division 1. Afin de s’entraîner avant la compétition, les Grizzlys effectuent plusieurs matchs de préparation contre l’équipe italienne des Rebels d’Avigliana. Les Françaises gagneront leur premier match de Coupe d’Europe (7-8) au terme d’un duel épique.
Attachée au club qui l’accompagne depuis ses débuts, et à l’effectif dont elle est très proche, Clélia pense à partir jouer à l’étranger mais souhaite d’abord finir correctement avec les Grizzlys.
“Vraiment, ça me tenait à cœur.”
Cela sera chose faite, puisque les Grenoble Grizzlys remporteront leur premier titre de Championnes de France de Softball en 2023 en s’imposant face à Evry-Courcouronnes. Une finale où Clélia a brillé en étant élue MVP, et qui permet aux Grenobloises d’obtenir une nouvelle place en Coupe d’Europe !
La lanceuse est également élue MVP de la finale du Championnat de France de Division 1.
Côté professionnel, Clélia devient en parallèle surveillante en collège afin de découvrir le milieu scolaire qui l’intéresse. Elle souhaiterait en effet travailler un jour dans cet environnement, en tant que CPE (Conseillère Principale d’Education), maîtresse d’école, ou encore professeure d’histoire.
“J’adore les enfants ! J’aime beaucoup transmettre, j’ai fait beaucoup d’animation avec mon club (donc en service civique), j’ai organisé des camps […] et j’ai même coaché l’équipe 15U. Et j’adore ça, donc ça m’a permis de découvrir le milieu scolaire et même d’épargner pour mes futurs projets.”
Clélia continue en même temps le softball à haut niveau, en s’entraînant seule accompagnée de Fanny ARPIN et Pierre GIRAUDO (coach sur Bordeaux, qui l’accompagne à distance). N’ayant pas de structure, elle aménage son temps entre ses cours, la musculation à 6h00 du matin, les entraînements le soir avec son père qui la “catche” et lui frappe des balles, et l’aide de sa coéquipière Yasmine DERBAL.
2024 :
Début 2024, l’envie de partir jouer à l’étranger refait surface et le dernier titre remporté en 2023 avec les Grizzlys conforte Clélia dans son choix : elle termine en beauté avec son effectif favori et pense que c’est le bon moment de partir.
“Je pense que 2023, c’est pour l’instant la meilleure saison que j’ai faite de toute ma vie, avec mon équipe. […] Je ne suis pas professionnelle du tout, et je ne sais pas si je le serai un jour mais je sais que ce n’est que maintenant que je peux le faire ! Que je peux me permettre de sacrifier des choses pour le softball. Parce que je n’aurai pas 20 ans toute ma vie. […] Donc je mets toutes les chances de mon côté, dans la limite du raisonnable bien sûr, parce que j’ai aussi des études à mener à bien, et des sous à gagner.”
Clélia s’engage alors avec les Rebels d’Avigliana, en A2 italienne. Il s’agit en effet du club que les Grizzlys avaient affronté en préparation de la Coupe d’Europe.
“C’est proche, c’est à Turin et le niveau est plus homogène en Italie qu’en France. Cela fait 5 ans que je joue en France, que j’affronte les mêmes frappeuses, etc. […] J’avais juste envie d’aller voir ailleurs, de voir autre chose, de pouvoir évoluer en tant qu’athlète, d’avoir un volume de jeu plus conséquent, de découvrir de nouvelles personnes, de nouvelles cultures… Je ne suis pas professionnelle, donc autant en profiter pour voyager, prendre du niveau, prendre de l’expérience, découvrir un nouveau coaching.”
Clélia commence ainsi sa saison italienne, accompagnée de sa “catcheuse” (receveuse) Yasmine DERBAL, elle aussi engagée avec les Rebels.
Suite à l’obtention de sa licence, la lanceuse décide de repartir au Japon pendant deux semaines, fin février 2024. L’équipe a changé, Marin n’est plus là, mais l’effectif reste très accueillant et Clélia y retrouve cette culture si spéciale qui l’avait tant fasciné.
En Italie, la Grenobloise commence ses premiers matchs en championnat et y trouve davantage de similitudes avec la France.
“Je pense qu’on a plus de similitudes avec l’Italie que le Japon. Après, pour le moment, je n’ai fait qu’un match de championnat. Je ne peux lancer qu’au deuxième match en Italie parce que c’est la règle selon les apports étrangers. Donc j’ai lancé le deuxième match, et on a gagné 9-1. C’était dingue. Et pour l’instant, comme je n’ai pas encore fait beaucoup de matchs avec elles, je ne sais pas s’il y a de réelles différences avec la France.”
La lanceuse se rendra maintenant en Italie tous les week-ends afin de disputer les matchs de sa nouvelle équipe.
Ses prochains objectifs et échéances
Au niveau national comme européen, Clélia a pour objectif d’être prise en équipe de France U22 et Senior, et le cas échéant, de jouer et performer.
Ensuite, la prochaine échéance sera la Coupe d’Europe de Softball 2024 pour laquelle elle a gagné sa place avec les Grizzlys l’an passé, grâce à leur titre de Championnes de France Division 1.
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