Fédéral

Publication } 20-12-2024

Dans ce dix-septième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Christelle BONAVITA, dirigeante investie depuis des années au sein de nos disciplines et ayant récemment été réélue au sein du Comité directeur de la FFBS.

Née à Nice le 19 février 1973, Christelle découvre nos disciplines grâce à ses cousines dans le sud de la France.

“Mes cousines ont pratiqué, ont débuté avec des copains le Baseball/Softball. Elles étaient déjà au collège et moi j’étais encore en primaire donc j’avais environ 8 ans, et je les ai suivies. Le terrain était vraiment à deux pas de l’école et mes parents avaient confiance en elles.”

Ayant évolué à Nice, Christelle nous conte tout d’abord l’histoire de nos disciplines au sein de la ville côtière dans les années 1960.

“Le Baseball/Softball à Nice est venu des gens qui ont été rapatriés d’Algérie et de Tunisie dans les années 60. Ils avaient été avec des Américains avant leur débarquement en Provence lors de  la Seconde Guerre mondiale et avaient monté quelques clubs. Et quand ils sont revenus sur le pourtour méditérannéen, ils ont fait la même chose. Donc il y a des petits clubs qui se sont montés, et des parents entraînaient leurs enfants et ont aussi monté des petits clubs et des équipes.”

Après la création du NUC porté sur le Baseball, un club davantage orienté Softball voit le jour à Nice, nommé les Woody’s. C’est avec ce dernier que Christelle pratiquera pour la première fois.

“Je n’ai fait que m'entraîner pendant très longtemps et j’ai commencé à jouer en match officiel vers 14 ans, en Softball. [...] Après, le Woody’s a disparu, et un club qui s’appelait Dynamics a été monté dans les années 1980, et dans lequel il y avait du Baseball et du Softball. Le Cavigal s’était monté en 1988, donc encore un autre club qui avait été créé à Nice. Et le Dynamics a fusionné avec le Cavigal en 1989, et j’y suis restée jusqu’à maintenant.”

A l’âge de 16 ans, Christelle intègre donc le Cavigal de Nice et y restera fidèle ! En tant que joueuse mais également en tant que bénévole, la sudiste s’investit très jeune au sein de l’association, notamment aux côtés de Claude ACHILLE.

“Il avait créé des programmes et travaillait à la ville de Nice, dans l’animation sportive municipale auprès des enfants et des écoles notamment. On a commencé à créer des équipes de jeunes et c’est là le départ du “Mini soft”, un championnat qu’on fait au niveau départemental de Softball.”

Lorsqu’on lui demande ce qui lui a plu dans le Softball, Christelle nous répond qu’il s’agit d’une discipline universelle qui peut correspondre à tout type de morphologie. C’est également un sport collectif avec toutes les valeurs associées, qui crée une réelle famille avec qui elle a pu vivre d’inoubliables moments.

“Ce qui est plaisant dans le Softball c’est que tu peux prendre du plaisir, être performant et aider ton équipe dans toutes les circonstances, c’est-à-dire si t’es grand, petit, mince, rond... [...] C’était un sport qui était fait pour moi dans le sens où c’est un sport explosif. A un moment tu stagnes, et à un autre moment il faut avoir les réflexes.

Après c’était une histoire de famille aussi. Il nous est arrivé de jouer à quatre sur le même terrain, quatre de la même famille. Et c’est souvent comme ça, dans beaucoup de clubs tu as des gens de la même famille qui jouent, entre autres. [...]

Après c’est un sport collectif aussi. Tu as ta vraie famille, et la famille du côté de l’équipe. Le fait de se retrouver tous ensemble, etc. [...] Les voyages, les galères, tu rigolais, c’est vraiment des moments de famille sportive que tu ne vis pas avec ta famille normalement.”

Récompensée par de multiples prix au fil de sa carrière de pratiquante, de bénévole puis de dirigeante, Christelle insiste sur le fruit d’un travail collectif. La sudiste reçoit notamment le mérite fédéral dans la catégorie Bénévoles en 2005, puis une nouvelle fois en 2016, ainsi que  le trophée de la meilleure Ligue au nom de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) par la FFBS une année plus tard.

“Ce trophée fait suite à l’augmentation du nombre de licenciés en PACA, du développement jeunes et des places. Mais après ce n’est pas que moi, il faut le dédier à tous les acteurs de la Ligue.”

Si ces récompenses la touchent, c’est plutôt le revers de la médaille qui porte tout un sens pour Christelle : la reconnaissance des pratiquants, les évolutions de ceux-ci grâce à son travail et leur passion commune pour nos disciplines.

“Je suis médaille d’argent de la jeunesse, des sports (et de l’engagement associatif), mais on ne fait pas ça pour ça. Je ne connais personne qui s’investit pour une reconnaissance d’un trophée qui va prendre la poussière sur les étagères, là je te dirais que la meilleure des reconnaissances, c’est quand les gamins que tu as vu passer au club, que tu as vu passer en Ligue ou autre, te disent merci de leur avoir apporté ce que tu leur as apporté pendant qu’ils étaient jeunes.”

Entraîneure des 6U-9U du Cavigal de Nice depuis une quinzaine d’années, la sudiste a côtoyé de nombreux futurs espoirs du Baseball et du Softball français.

“Ils sont reconnaissants et je trouve que c’est le plus beau des trophées."

Une transmission qui passe aussi par la passion et qui traverse les générations.

“La meilleure chose c’est de faire passer la passion. Entre guillemets, comme je dis souvent : je fais ce que j’ai vu faire. Ce n’est pas quelque chose d’inné, c’est que de l’apprentissage parce que j’ai vu les gens le faire, dont ce Monsieur Claude ACHILLE, qui a oeuvré pendant des années pour qu’on s'entraîne, qu’on devienne une équipe compétitive, qu’on fasse et qu’on organise de grands tournois à Nice… Donc je l’ai vu faire, j’ai participé à ces organisations-là et le fait d’apprendre avec lui, j’ai voulu que d’autres après nous connaissent ça.”

Un engagement bénévole et une volonté d’apprendre que Christelle a gardé tout au long de son parcours, et qui lui a permis de gravir les échelons du monde associatif et sportif. Nommée Présidente de la Commission fédérale Formation en 2023, la Niçoise est également Première vice-présidente de la FFBS la même année et lauréate de la deuxième promotion du Club des 300 femmes dirigeantes du CNOSF avec Charlène SALZBORN. Si s’investir dans son club, son Comité Départemental, sa Ligue puis sa Fédération a été une ascension logique pour Christelle de par sa passion pour nos disciplines, ce n’est pas toujours le cas dans le milieu du bénévolat.

“Du jour au lendemain, tu ne deviens pas bénévole comme ça. Tu ne peux pas forcer quelqu’un à devenir bénévole, tu ne peux pas le diriger comme si c’était un salarié, donc c’est quelque chose de très difficile quand tu es dirigeant ou quand tu veux faire passer ton savoir-faire, d’essayer d’intéresser cette personne-là à t’aider à faire grandir un club, un tournoi, une Fédération, etc.

En fin de compte, il y a deux types de personnes :
- Soit la personne est venue de ce sport là et cela devient sa passion, et là c’est “facile” parce qu’il va venir vers toi, être à l’écoute et va vouloir participer à la vie active du club, d’une Ligue…
- Soit c’est une personne qui vient parce qu’elle est obligée de le faire, par exemple des parents d’enfants, qui sont là, qui restent à côté pendant que tu les entraînes et ça je te dirais que c’est un peu plus difficile parce qu’ils ont chacun leur vie, qui est déjà bien remplie, et ils ont surtout parfois un syndrome de l’imposteur, de se dire qu’ils ne sont pas capables. Et c’est à nous, ceux qui font et qui sommes là sur le terrain, de les rendre capables de donner quelque chose au club, ou autre part.”

Christelle invite ces derniers à participer à l’entraînement afin de les engager naturellement, et qu’ils se prennent au jeu ou appréhendent mieux le sport de leur enfant.

“Chez les 6-9 ans, souvent je leur demande de venir participer [...] Leur permettre d’être sur le terrain avec eux plus souvent, je pense que l’effet peut être un peu plus engageant. [...] Il n’y a pas beaucoup de parents qui connaissent le Baseball/Softball. Ils y viennent parce qu’ils en ont fait à l’école, qu’ils en ont vu à la télé… donc en les faisant participer, tu leur fais peut-être “aimer” la discipline. Après on demande souvent aux parents des 12U/15U d’organiser, de tenir la buvette des tournois, etc. On demande de l’aide, ceux qui viennent participent.”

Un constat émanant de la réalité du terrain, côtoyée par la Niçoise depuis tant d’années.

“À Nice, j’ai des enfants qui font 3 ou 4 activités dans la semaine et qui n’ont même pas encore 10 ans. Donc je dirais que participer, à petite échelle, c’est déjà un grand pas pour devenir bénévole.”

Si s’engager en tant que bénévole a été naturel pour Christelle, son souvenir le plus marquant reste sa participation à sa première Coupe d’Europe de Softball en tant que pratiquante.

“À 14 ans, à Parme (à 5-6 heures de route de Nice). Tu arrives dans un stade… sur un terrain avec des tribunes énormes, une infrastructure superbe ! Avec même déjà des tunnels de frappe à l’intérieur. Et tu viens là, tu fais du banc mais tu joues contre les meilleurs clubs d’Europe.”

Parmi ses plus beaux souvenirs, Christelle évoque aussi sa première élection à la Fédération.

“Après, ma première élection fédérale c’est bien sûr quelque chose de remarquable pour moi dans mon parcours. Avec Didier (SEMINET) la première année, c’était en 2016. En fin de compte, ce dernier échelon fédéral, si tu n’as rien en dessous, il n’existe pas. J’ai commencé au plus bas de l’échelon bénévole, j’ai pu être entraîneure, être au Comité directeur de mon club, être Présidente du Comité départemental, Secrétaire à la Ligue, et après être à la Fédération. Ce qui me permet de connaître tous les échelons et pas mal de choses du monde sportif.

Après j’ai aussi fait ma dernière année d’études dans le Management du sport, et je me suis toujours intéressée au sportif, au monde du sport de l’autre côté que du terrain. Le fait d’arriver au dernier échelon en haut, tu comprends mieux les choses. Les problématiques des clubs, les problématiques des Comités, Ligues, tout ça. Après j’ai fait du droit sportif, de la comptabilité, j’ai fait tout ce qui me permet de pouvoir gérer aussi. Mais ça, ça s’apprend. Même si tu n’as pas fait les études que j’ai fait ou autre, un bénévole aujourd’hui peut avoir la formation pour monter petit à petit tous ces échelons-là.”

Le Softball étant souvent associé en priorité au féminin, Christelle souhaite casser les idées reçues.

“Il ne faut plus présenter le Softball comme un sport de genre. Parce que les garçons prennent autant de plaisir que les filles à jouer. Il faut le présenter comme un sport à part entière, un sport qui a été inventé par des entraîneurs américains qui voulaient que leurs athlètes professionnels jouent l’hiver, donc ils ont inventé des règles leur permettant de jouer en salle. Et les gens se les sont appropriées, et aux États-Unis c’est le féminin qui a été le plus attiré par ce jeu là, mais il y a de très gros tournois américains pour les garçons, il y a les Championnats du monde de Softball masculin qui sont impressionnants, donc il faut que l’on présente le Softball en tant que sport. Sport qui peut être joué, en féminin, en masculin et en mixte.”

L’actuelle Trésorière générale de la FFBS prône aussi le fait de s’adresser au milieu scolaire en premier lieu.

“Pour ma part, je dirais qu’il faut aller dans les écoles en leur disant : voilà, on est une Fédération, on a trois sports, on a le Baseball, le Softball et le Baseball5. Aujourd’hui, on va faire du Softball. Pourquoi ? Parce qu’on joue dans votre cour d’école, qu’elle est plus petite et qu’elle se prête au Softball. On va jouer avec telle balle, elle est plus grosse et facile à attraper, le lancer, etc. [...] C’est le discours que tu fais à l’enfant qui fait qu’il va comprendre la chose.”

Concernant la féminisation de nos disciplines, la sudiste évoque plusieurs points d’entrée :

“Le féminin attire le féminin, et je te dirais aussi que plus on aura d’entraîneurs féminins chez les jeunes aussi, plus on aura de filles. Après, le charisme de la personne qui entraîne y fait beaucoup aussi. Donc il y a beaucoup de choses, de points d’entrée dans la présentation.”

Christelle nous mentionne l’exemple d’un club voisin de Nice : celui de San Remo, en Italie, qui comptabilise plus de 100 filles entre 6 et 18 ans grâce à un concept de “Softball school” ayant multiplié leur vision et leur savoir-faire dans plusieurs clubs au niveau national. La sudiste nous rappelle néanmoins que le système scolaire italien s’y prête aussi davantage :

“Après, en Italie ils n’ont pas le même système scolaire que nous non plus. Ils arrêtent plus tôt l’école, à 15h00 ils peuvent être à l’entraînement de sport.”

Différents systèmes, et pourtant des pratiques similaires comme le fait de miser sur de l’apprentissage via une transmission intergénérationnelle.

“Les filles de 15-16 ans s’occupent des plus petites. Elles leur apprennent les mêmes exercices qu’elles ont fait quand elles étaient plus jeunes. Notre sport demande beaucoup de pratique. [...] La collaboration intergénérationnelle est vraiment l’essence du club, c’est collaborer du senior au plus petit, et les plus petits progressent plus vite quand il y a plus de monde qui s’occupe d’eux.”

Le fait d’échanger et d’apprendre de ses aîné(e)s permet aussi de s’enrichir de différents points de vue.

“Ton entraîneur habituel a un discours et une façon de te faire voir la chose, et peut-être que quelqu’un d’autre aura un autre discours qui te permettra de débloquer quelque chose que tu n’arrivais pas à faire.”

Christelle a notamment appris de Ghislaine ETHIER, et grâce à sa formation CQP (Certificat de qualification professionnelle).

“Moi qui ai passé pratiquement toute ma vie avec un seul entraîneur, l’arrivée de Ghislaine ETHIER dans les années 2000 et son savoir-faire canadien, m’a apporté aussi pas mal de choses, d’interrogations, de changements dans ma façon de faire. Et le fait de passer le CQP, pareil, cela m’a permis encore de m’ouvrir sur certaines façons d’enseigner, de parler… Il faut dire aux gens qu’on apprend toute sa vie, qu’on peut s’améliorer toute sa vie, que ce soit personnellement ou dans le monde du sport. Rien n’est jamais figé.”

Des remerciements particuliers sont adressés à Marie-Lyne BOLIS, la cousine de Christelle, mais également à Claude ACHILLE et à Isabel BERTRAND qui est sa binôme depuis maintenant plus de 10 ans au sein du Cavigal.

“Ma cousine Marie-Lyne qui était un pilier de l’équipe de Nice et de l’équipe de France, et qui m’a permis de connaître ce sport-là. Monsieur Claude ACHILLE, entraîneur de l’équipe de Nice, de l’équipe de France, qui nous a permis d’exister, de faire ce sport-là à Nice et d’avoir cette passion-là du Softball. [...] C’est les personnes les plus importantes de ma vie, et de l’implication que j’ai actuellement dans le monde du sport. Elles ont permis que j’en sois là à l’heure actuelle.”

Car à l’heure actuelle, Christelle a notamment été réélue au sein du Comité directeur fédéral pour un nouveau mandat et occupe désormais la fonction de Trésorière générale.

“J’ai renouvelé mon mandat de quatre ans avec d’autres objectifs. On est partis sur quatre ans de développement, comme l’a voulu la liste. Développement de la base, surtout, une base plus grande, une meilleure structuration des clubs, et de la visibilité de notre Fédération et de nos sports plus évoluée qu’à l’heure actuelle.”

Consciente des difficultés de coûts liées à la médiatisation de par son métier en régie publicitaire, Christelle nous confie enfin qu’elle compte aussi énormément sur le plan de féminisation de nos pratiques.

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