Fédéral

Publication } 29-04-2025

Crédit photo : Glenn GERVOT

Dans ce dix-neuvième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Pauline PRADE, joueuse internationale de Softball et athlète phare du championnat de Division 1 Féminine.

De ses débuts sur les terrains de Chartres à sa présence constante au sein de l’Équipe de France, la joueuse des Comanches de Saint-Raphaël trace une trajectoire singulière faite de résilience, de passion et d’engagement.

Crédit photo : Glenn GERVOT

Née à Chartres le 21 novembre 1992, Pauline découvre très tôt les terrains de sport grâce à sa famille. Sa mère et son grand frère, tous deux passionnés, l’entraînent dans leur sillage.

« J’ai toujours baigné dans le sport, parce que j’avais une maman et un grand frère très sportifs. [...] Mon frère était un joueur de handball à l’époque. »

De la natation à l’équitation en passant par le handball ou encore la danse, la jeune Eurélienne explore une multitude de disciplines, au début sans trouver « le » sport qui la ferait vibrer sur la durée.

“J’ai eu la chance de pouvoir toucher à pleins de disciplines, on avait l’école des sports quand j’étais petite dans ma ville à Chartres, où toutes les trois semaines je changeais de sport.”

C’est finalement au collège, lors d’une initiation au Baseball organisée par une surveillante investie dans le club local, qu’elle découvre pour la première fois cette discipline encore méconnue dans son département. Une simple séance qui plantera une graine…

 « Je suis arrivée au Softball un peu par hasard, dans le sens où dans mon collège, j’avais une surveillante qui était au club de Chartres et pratiquait le Softball justement, et qui nous a fait une initiation au Baseball. [...] Je me suis dit que c’était sympa, mais à ce moment-là je faisais encore de l’équitation. C’est trois ans plus tard, après avoir arrêté, que je me suis souvenue de cette initiation. »

Trois années plus tard, cette graine germe : Pauline pousse pour la première fois les portes du club des French Cubs de Chartres. Elle y découvre le Softball et y trouve sa place.

« J’y suis allée une fois, deux fois, trois fois… et cela fait maintenant depuis 2008 que je baigne dans le Softball. »

Dès sa première saison, la Chartraine s’intègre à une équipe mixte soudée et bienveillante.

« On avait une très belle équipe Softball mixte où l’ambiance était incroyable, une famille. Ils m’ont accueillie comme si j’avais toujours fait partie du club, c’est aussi ce qui m’a fait rester à l’époque et je les remercie encore du fond du cœur parce qu’ils m’ont fait aimer cette discipline et y rester. Ils m’ont appris énormément de choses qui m’ont permis, un an après, d’intégrer le Pôle à Boulouris, après avoir rencontré la fameuse Ghislaine Ethier, notre Canadienne internationale qui nous a fait le plaisir de venir à Chartres pour des détections. »

Un an plus tard, elle croise ainsi la route de Ghislaine Ethier, qui la détecte lors d’un stage à Chartres. Elle prend alors le chemin du CREPS de Boulouris.

Pauline Prade et Ghislaine Ethier.
« En 2009, j’arrive au CREPS, je suis en terminale à ce moment-là parce que j’ai commencé assez tard : j’avais 16 ans quand j’ai commencé le Softball, j’ai 17 ans quand j’entre au Pôle. »

Elle y découvre alors l’exigence du haut niveau, elle qui avait « toujours fui la compétition étant enfant ».

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Au départ sans mesurer l’ampleur de ce qui l’attendait, Pauline a pourtant très vite eu la fierté de représenter son pays lors de compétitions internationales majeures.

«  J’apprends que je suis sélectionnée en équipe de France, alors je me dis qu’avec le très peu d’expérience que j’ai comparé à mes coéquipières, je vais au Championnat d’Europe mais je vais vivre sur le banc et prendre plein d'expérience et ce sera très bien. Et puis je me retrouve titulaire au premier match, au deuxième match, et en fait sur tous les matchs du Championnat d’Europe 19U, et là je me dis wow qu’est-ce qu’il se passe ! (en riant) C’est incroyable, si jeune, de représenter son pays. C’est un aboutissement de ces deux ans de Softball et notamment de cette première année de sport-études. »

En 2010, elle joue ainsi les Championnats d’Europe 19U, puis les 22U une semaine plus tard, et ne tarde pas à intégrer l’équipe de France Senior.

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«  En 2010, je fais les Championnats d’Europe 19U, et la même année, une semaine après la fin de ce tournoi, je rejoins l’équipe de France 22U. Le coach 22U avait passé la semaine à observer et il restait cinq places pour accompagner les 22U dans leur Championnat d’Europe, et j’ai eu cette chance de pouvoir faire partie de l’aventure en sachant que c’était complètement nouveau pour moi. Je jouais avec des filles qui avaient beaucoup d’années d’expérience et c’était très impressionnant. »

Si Pauline est restée fidèle au Softball, c’est parce qu’elle y a trouvé un équilibre parfait entre jeu, stratégie et passion.

« J’ai toujours aimé le principe de frapper dans une balle et courir sur des bases le plus vite possible, avant que la balle ne revienne. J’ai toujours couru vite depuis que je suis enfant, à tel point que les garçons ne voulaient plus faire la course avec moi à la cour d’école [...] donc j’avais trouvé un sport qui me permettait d’utiliser cette capacité là à courir vite pour marquer un point. »
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Mais au-delà du côté ludique, c’est aussi l’aspect stratégique qui la séduit :

« Et puis après avec les années d’expérience, l’aspect stratégique, toutes les options qu’on a aussi bien en défense qu’en attaque pour construire les points ou les stratégies défensives pour faire les retraits. C’est d’utiliser toutes les stratégies possibles pour être meilleur que l’adversaire. C’est un sport complet, j’y ai trouvé ma place et je sais que j’ai des coéquipières avec des qualités différentes qui trouvent également leur place. [...] C’est un sport très ouvert, très mental… et infernal aussi pour ça ! Mais si on y reste, c’est que ça nous plaît. »
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Parmi ses plus beaux souvenirs, elle évoque le quatrième match des phases finales du Championnat de France de Division 1 Féminine Softball 2024.

« On gagne sur le fil contre Évry, ce qui nous permet de jouer un cinquième match décisif. C’était des émotions incroyables, ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ça. »

Un moment fort dans le parcours des Comanches, qui retrouvent leur place sur la scène nationale avec leur titre de championnes de France 2024.

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« A l’échelle nationale, c’est vraiment un beau souvenir parce qu’on avait galéré quelques saisons avec l’équipe qui s’était reconstruite. [...] Et l’année dernière, on avait vraiment les atouts pour produire de belles choses, sans que ce soit simple, et faire de superbes matchs et c’est ce qu’on a livré contre Evry qui a été un adversaire vraiment à la hauteur et qui nous a donné du fil à retordre pour aller chercher ce titre qui nous échappait depuis quelques années, et qu’on a su conquérir avec la manière. C’était des émotions incroyables que je n'avais pas ressenties depuis longtemps ! »

En parallèle, Pauline brille également sur la scène de la Super League Softball, dont elle remporte la saison inaugurale en 2023, et est élue MVP du premier week-end de l’édition 2025.

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« C’est un concept sympa [...] qui permet de mettre en lumière ce côté individuel que l’on a pas dans tous les sports collectifs. Cela permet de valoriser les joueuses et ce qu’elles font à titre personnel. »
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A côté du sport de haut niveau, Pauline a mené des études de droit à distance depuis le CREPS. Si son rêve de jeunesse était de devenir gendarme, elle bifurque vers le droit après deux tentatives infructueuses au concours.

« Pour suivre mes études, en étant au CREPS en interne à ce moment-là, il n’y avait que l’enseignement à distance qui me permettait de m’entraîner à 100% et à la hauteur des objectifs que je m’étais fixés. Parce que passé la découverte de la première année, après on est pris dans l’engrenage du haut niveau et on a vocation à vouloir faire toujours mieux, à se perfectionner… J’ai donc fait quatre ans de droit à distance, c’était vraiment les débuts à l’époque. »

Elle investit également de son temps dans sa passion pour la photographie.

« J’ai commencé avec un appareil photo jetable, et tout ce que j’avais sous la main : la nature, les animaux, l’équitation quand j’allais sur des concours. Et puis après la technologie a évolué et ma mère s’est acheté un premier appareil photo numérique. J’ai continué parce que c’est vraiment quelque chose qui m’intéressait. J’ai fait des études en photographie à un moment, après mes études de droit, parce que j’avais besoin de m’aérer la tête. Mais en faire son métier, c’est compliqué, je n’avais pas envie de me lancer dans cette branche de l’auto entreprenariat. [...] C’est une passion ! »

Sa sensibilité artistique trouve alors un terrain d’expression privilégié dans le sport : handball, Softball, compétitions locales…

« J’ai découvert la photographie de sport vraiment avec le handball, il y a sept ans de ça je dirais, et puis après avec le Softball surtout quand on avait une équipe masculine et qu’on recevait des plateaux à Saint-Raphaël. Je venais avec mon appareil photo parce que c’est toujours sympa, on était en manque de photos. »

En 2018, Pauline est nommée à la Commission des Athlètes de la World Baseball Softball Confederation (WBSC – Confédération internationale de Baseball et Softball). Une nomination méritée pour cette athlète engagée depuis des années.

Autre distinction des plus honorables : l’internationale française a eu l’opportunité de porter la flamme olympique lors du relais de celle-ci dans l’hexagone !

Sur la question de la féminisation de nos disciplines et de la place accordée aux femmes dans le sport de manière générale, la Chartraine nous partage son regard lucide avec un goût amer sur les inégalités persistantes en matière de visibilité et de reconnaissance.

« Ça avance, mais ça avance doucement, et puis tardivement. On est en 2025, la place des femmes dans le sport on en parle depuis, à mon avis, avant que je sois née ! On manque de médiatisation. [...] Il y a une telle disproportion entre le fait de mettre en avant un simple match de foot, et de minimiser un titre ou une performance sportive juste parce que c’est du sport féminin… Je trouve qu’il y a un décalage monstrueux. »

Tout au long de son parcours, Pauline tient à saluer les personnes qui l’ont soutenue et qui lui ont accordé leur confiance :

« J’ai croisé un nombre incalculable de personnes qui ont été bienveillantes avec moi et compréhensives à chaque étape de ma carrière.

Il y a eu le club de Chartres forcément, c’est eux qui m’ont formé, qui m’ont fait découvrir la discipline. Le Président actuel, Manu
(Emmanuel) Préveaux a été mon coach à l’époque en mixte et il transpirait la passion donc il m’a vraiment fait accrocher à cette discipline.

Après, il y a eu Ghislaine Ethier, forcément, qui m'a mis un pied dans le haut niveau, puis Céline Lassaigne qui m'a permis de franchir de nombreuses étapes dans mon cursus.

Aujourd'hui, je peux compter sur le club des Comanches, coaches et coéquipières, pour continuer à apprendre et à façonner la joueuse et la personne que je suis. »
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Une mention spéciale est faite à son compagnon ainsi qu’à sa famille.

« J’ai mon conjoint, on s’est rencontrés quand moi j’étais blessée donc lui n’était pas du tout dans le Softball et puis il a fini par y arriver [...] et ça fait bientôt onze ans maintenant, et c’est mon premier soutien. Je pourrais lui dire que j’ai envie de tout quitter pour aller jouer à l’autre bout de la planète, il ne me dirait pas non ! C’est essentiel pour moi dans ma vie d’athlète, dans ma vie de femme, parce qu’il soutient tous mes projets et tous mes objectifs. Et je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde, donc j’ai cette chance-là.

J’ai la chance d’avoir aussi ma mère et mon frère qui me poussent et qui me soutiennent, qui font les déplacements pour venir me voir jouer à l’étranger, c’est vraiment chouette. Ma belle-sœur a aussi découvert le Softball lorsque je m'y suis mise, et prends toujours le temps de venir voir les compétitions avec mon frère. Je suis vraiment bien entourée. Je n’ai pas à me plaindre ! »

Pauline remercie également ses coéquipières :

« Elles ont été compréhensives, le temps que j’apprenne, que je fasse ma place et qu’après je prenne leur place pour faire la même chose avec les générations d’après. »

Et si elle devait citer une joueuse ?

« Margaux Magnée. Elle m’a prise sous son aile en équipe de France, m’a fait confiance et ça m’a beaucoup aidé. Si j’en parle maintenant, c’est que ça m’a vraiment marqué à l’époque, il y a dix ans maintenant. »
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La saison 2025 s’annonce intense pour Pauline, avec de nombreuses échéances à venir : entre le championnat de Division 1 avec les Comanches, le Challenge de France Féminin Softball, la Coupe d’Europe et le Championnat d’Europe Seniors !

« On renoue enfin avec l’Europe grâce à notre titre l’année dernière, ça va faire du bien, c’est toujours un plaisir de se confronter au niveau européen. Donc oui, une grosse année pour les Comanches, et puis entre la fin de la Coupe d’Europe et la fin du Championnat de France, on a le Championnat d’Europe avec les Seniors, durant lequel nous aurons à cœur d'élever notre niveau pour concurrencer les meilleures nations européennes. On va avoir du fil à retordre mais on devrait pouvoir livrer de belles batailles ! »
Crédit photo : Glenn GERVOT

Une chose est sûre : les Bleues pourront compter sur tout notre soutien, et nous espérons que vous serez nombreux à les encourager tout au long de cette saison !

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