Fédéral
Publication } 28-05-2025
Crédit photo : Delphine CORRE
Dans ce vingtième épisode de Femmes de sport, nous partons à la rencontre de Lyziane GIROUD, scoreuse, instructrice fédérale de scorage de niveau 1 et présidente de la Commission Régionale de Scorage et Statistiques (CRSS) d’Île-de-France.
Née à Melun (77) le 1er février 1988, Lyziane découvre le Baseball à l’âge de 11 ans, en sixième, lors d’une initiation.
« J’étais tombée complètement sous le charme de ce sport », se souvient-elle.
Cette passion resurgira plus tard en 2018, lorsqu’elle s’installe à cinq minutes du club des Templiers de Sénart. En septembre, elle se rend à la journée des associations, fiche d’inscription en main.
“Je suis arrivée au mois de mai à Savigny-le-Temple, et au mois de septembre j’étais à la journée des associations à déposer un dossier complet d’inscription !”
Sur les terrains, Lyziane découvre non seulement nos disciplines, mais aussi des bénévoles concentrés qui s’adonnent à ce qui deviendra une partie intégrante de son quotidien.
“J’ai démarré en faisant du Softball et du Baseball et trois mois après, en tournoi, j’ai découvert des personnes assises à une table en train de faire des petits symboles sur une feuille (en riant), ce qui m’a interloquée et intéressée.”
Très vite, elle se tourne en effet vers le scorage, un domaine dans lequel elle va s’investir pleinement. Il suffit de quelques minutes de conversation avec Lyziane pour saisir toute la passion qui l’anime.
“Je me suis inscrite au club en septembre. En janvier, je passais une formation de scoreuse, et je suis tombée complètement fan de cette pratique, ce qui m’amène maintenant là où je suis.”
La Seine-et-Marnaise nous livre d’ailleurs une rapide définition du scorage pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas forcément cette activité de l’ombre, pourtant essentielle :
“En fait, on vient retranscrire les actions de jeu qui ont lieu sur le terrain, ce qui fait qu’on est garants du score, garants des retraits. On permet ensuite tout ce qui va être l’élaboration des statistiques permettant de connaître les performances des joueurs, notamment sur les compétitions ou championnats, et de conseiller pour les remises de récompenses… Mais l’important, c’est vraiment de pouvoir retranscrire les actions de jeu, de façon objective bien évidemment.”
Ce qui la séduit ? Le fait de retranscrire en temps réel ce qui se joue sous ses yeux.
"D’arriver à transposer une action qui se passe sous nos yeux, et se dire que le lendemain, dans deux mois, un an, six ans, on est capables de relire le match, de redire comment il s’est déroulé, je trouve cela super chouette et assez impressionnant."
Depuis, elle n’a cessé de gravir les échelons : SF1 (diplôme de scorage fédéral de niveau 1), SF2 (de niveau 2), SF3 (de niveau 3), puis instructrice de niveau 1, sans oublier une spécialisation sur tablette avec le logiciel BallclubZ de MyWBSC.
“Pour scorer, il faut en effet être diplômé. D’abord, j’ai suivi un SF1, ce qui m’a permis de scorer les matchs de départemental et régional, des jeunes jusqu’aux séniors. Ensuite, j’ai passé mon SF2, qui donne accès à la Division 3 Baseball et au Softball au niveau national. Cela m’a notamment permis de scorer en Softball avec le club d’Evry-Courcouronnes sur la D1 féminine. Puis enfin, le SF3, qui permet de scorer la nationale Baseball (Division 1 et Division 2). Et à chaque fois on inclut de nouvelles notations et des statistiques donc on augmente aussi le niveau d’écriture du scorage. Le SF3 ouvre la voie au diplôme d’instructeur, donc dans la foulée je suis passée instructrice de niveau 1. Cela me permet de former des nouveaux scoreurs pour le SF1 ou de faire passer le SF2 à des scoreurs qui sont déjà diplômés.”
Lyziane forme désormais de nouveaux scoreurs et participe activement au développement de la pratique à différents niveaux.
“Je suis aussi devenue instructrice tablette. Donc je fais également des formations pour que les opérateurs scorent notamment sur les championnats nationaux mais cela est également possible au niveau régional. Nous avons donc mis cela en place au niveau de la Ligue IdF, cela permet d’avoir des statistiques pour les joueurs de certaines catégories.”
Une belle aventure pour la Melunaise, qui lui permet de prendre en responsabilité tout en s’adonnant à sa passion. Elle a donc eu l’opportunité de scorer des catégories 9U jusqu’en Division 1 Baseball et Softball, mais aussi lors de Coupes d’Europe en ayant été nommée par la Commission fédérale de scorage et statistiques (CFSS).
Mais ce qui retient Lyziane, bien au-delà des échelons gravis, c’est avant tout l’humain.
"Mes meilleurs souvenirs de scorage, ce sont ceux partagés en binôme ou en trinôme. Il y a une très belle communauté de scoreurs avec un très bel état d’esprit. On apprend tous les jours et on n’est jamais seuls. On peut très facilement se solliciter, on est amenés à rencontrer des scoreurs d’un peu partout et après on peut les contacter, demander de l’aide, etc. Et quand on se rend sur des compétitions, c’est toujours un plaisir de se retrouver tous ensemble ! On a tous une passion commune, et on se retrouve pour la partager donc c’est le plus beau."
C’est d’ailleurs cet élan d’entraide et d’accompagnement qui l’a menée à la présidence de la CRSS d’Île-de-France. Avec d’autres scoreurs départementaux, elle structure une dynamique d’évolution continue.
“Depuis l’année dernière, je suis présidente de la CRSS au niveau de l’Île-de-France. La commission a été reformée avec des scoreurs de chaque département et on a mis en place comme objectif d’aider les scoreurs à évoluer et à avoir une instance vers qui se tourner en cas de besoin. On fait des retours sur des feuilles, on échange, on accompagne. L’idée c’est vraiment de développer cet esprit de communauté, et cela aide pour trouver les officiels, pour répondre à des questions de scorage. Pour l’instant cela a l’air de plaire car on a eu des retours positifs. Certains scoreurs se sentent moins isolés et échangent plus facilement.”
Lyziane se confie également sur d’autres évolutions en matière de scorage, telles que la digitalisation.
“La digitalisation et son déploiement au sein des scoreurs permet actuellement de saisir les matchs plus rapidement et de plus en plus en direct. Cela n’empêche pas que le scorage papier est présent et le sera pour l’instant toujours, puisque c’est primordial pour le suivi des actions. Après, je pense que le scorage va effectivement évoluer, dans sa pratique et dans son apprentissage. [...] La société et les technologies évoluent très vite et cela enrichit toujours quand les choses bougent.”
En termes de féminisation, le scorage semble être un bel exemple duquel s’inspirer.
“De ce que je vois autour de moi, il y a beaucoup de scoreuses, beaucoup de mamans (et même de papas) qui s’y mettent pour suivre leurs enfants, etc. Je pense qu’au niveau scorage, c’est quelque chose qui est bien en place.”
Si elle devait donner envie à quelqu’un de s’impliquer ? Elle conseillerait de rester authentique.
"Il faut rester naturel. Quand quelque chose passionne, ça se voit dans le discours. Moi qui suis normalement assez timide et réservée, je sais que quand je parle du scorage, comme cela me plaît vraiment, ça vient tout seul."
Lyziane admet que cette pratique ne convient pas à tout le monde : « Il y en a qui regardent de loin et se disent ‘non, ça ce n’est pas pour moi’ », en riant.
Mais ceux qui s’y intéressent repartent rarement indifférents.
"Il y en a d’autres qui, au contraire, mettent la tête au-dessus de l’épaule, s’interrogent en demandant ce qu’on fait… On leur explique tout ce que cela apporte : compréhension du jeu, des décisions, avoir une lecture de jeu plus facile, etc. Et généralement on voit directement si la personne porte déjà de l’intérêt ou pas, on va lui proposer de s’asseoir, l’informer qu’il y a une formation bientôt, et on amène comme cela les gens, de manière naturelle."
Si la Seine-et-Marnaise s’est pleinement consacrée au scorage, elle a d’abord été joueuse de Softball et nous explique ce qui l’a attirée :
“L’ambiance, l’esprit d’équipe... Je suis pour le coup très bien tombée, je ne joue plus depuis déjà 2-3 ans mais cela reste mon équipe de cœur. Je me suis faite de très bons amis qui dépassent la sphère sportive, des amis qui sont devenus une partie intégrante de ma vie. C’est un sport qui demande à la fois l’esprit collectif et en même temps il y a aussi une part de performance individuelle.”
Une cohésion et des rencontres humaines qui forgent, et font rester sur la durée.
“J’ai fait aussi beaucoup de bénévolat, du coup mon investissement a été au-delà du sport et même de ce côté-là, j’ai rencontré d’autres personnes qui ne sont pas forcément des joueurs, pas forcément en lien avec l’équipe en question, mais pareil on crée des amitiés et des affinités. Ce qui fait que même après on se retrouve au bord du terrain, on se retrouve en dehors… Et il y a cette envie du coup qui apparaît, d’aller plus loin, de toujours s’investir un peu plus.”
Un investissement et un parcours qui dépassent donc le cadre sportif, et au cours desquels Lyziane a pu compter sur de nombreux soutiens qu’elle tient à remercier :
“Tout d’abord le club de Sénart, mon premier club au sein duquel j’ai énormément appris. J’ai été amenée à être au bureau, au Comité directeur, à m’investir en termes de bénévolat et découvrir et comprendre certains rouages composant ce sport. C’est ce qui m’a fait mettre le pied à l’étrier et rentrer dans le scorage. J’y ai également rencontré des amis désormais très proches.
Je ne les nommerai pas, mais ils se reconnaîtront, les amis que je me suis fait et qui m’ont vraiment soutenue et portée au sein des différentes choses que j’ai pu faire ou mener. Cela n'a pas été toujours facile.
Côté scorage, il y a toute une petite communauté de scoreurs qui se reconnaîtra également je pense, qui m’aide tout au long de la saison. En cas de doute sur une action, de difficulté pour une saisie, un message ou un appel et ils/elles répondent présents. Un remerciement personnel pour Soazik KLEIN, qui est toujours de bon conseil et qui sans forcément s’en rendre compte m’a beaucoup appris, notamment en termes de posture pour pouvoir prendre et tenir un rôle comme celui de présidente de la CRSS par exemple.
Bien évidemment, également la Ligue Île-de-France de Baseball et Softball et son président, du fait de la confiance et du soutien qui me sont apportés dans ce que je souhaite mettre en place, comme par exemple les formations. C’est chouette parce que cela permet vraiment d’aider à apporter des choses du côté du scorage régional.
Mais voilà, il y a toute une communauté, avec également les arbitres sur les matchs et compétitions. Ce serait trop long de citer toutes les personnes qui m’ont apporté quelque chose donc j’espère qu’ils ne m’en voudront pas, mais on n’est jamais seuls, j’apprends lors de chaque échange.”
Et la suite ? La Melunaise ne force rien :
“Je suis assez exigeante avec moi-même donc je considère qu’il y a encore des choses à apprendre et à améliorer avant d’autres étapes, mais je laisserai faire les choses.”
Une posture humble, mais déterminée.
Parce que pour Lyziane GIROUD, comme pour tant d’autres femmes passionnées qui œuvrent dans l’ombre, le scorage n’est pas seulement une fonction. C’est un engagement, une passion, une manière d’être au service du jeu, des joueurs… et de la mémoire du sport.
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