
Fédéral
Publication } 30-06-2025
Crédit photo : Nicolas LAUNAY / AS Evry-Courcouronnes Les Pharaons
Dans ce vingt-et-unième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Chiara ENRIONE-THORRAND, joueuse internationale de Softball, figure de la Division 1 Féminine et membre de la Commission fédérale des sportifs de haut niveau. À 21 ans, la jeune femme impressionne par son parcours déjà riche et son engagement à tous les niveaux du sport — joueuse, encadrante, élue… Rencontre avec une athlète passionnée qui conjugue haut niveau, études et responsabilités.

Née le 19 janvier 2004 à Grenoble, Chiara découvre le Baseball dès l’enfance, aux côtés de son frère.
« J'ai toujours fait beaucoup de sport : du judo, de l'athlétisme, plein de choses. Et j'ai découvert deux disciplines la même année, le Roller hockey et le Baseball. Mon frère a découvert par le biais du Forum des associations en début d'année et il faisait du multisport aussi. Donc il a commencé et puis un an après, je l'ai rejoint au Baseball et c'est comme ça que c'est arrivé. »
Très vite, elle est séduite par la dimension mentale du sport :
« Au début j'aimais ça parce que je faisais du sport, j'avais mon frère, mes copains/copines, et au fur et à mesure je me suis rendue compte que l'aspect mental qui est vraiment une grande partie de la performance dans ces disciplines, était vraiment intéressant, donc le jeu en lui-même. »

Chiara commence le Baseball à Grenoble en catégorie 12U et reste fidèle au club de sa ville natale jusqu’à son intégration au Pôle Espoir Baseball de Rouen en 2017, avant de rejoindre le Pôle France Softball de Boulouris l’année suivante.
« J'ai fait un parcours classique jusqu'à mes 13 ans et après j'ai intégré une structure de haut niveau : le Pôle Espoir de Baseball de Rouen. J'y ai passé un an puis j'ai intégré le Pôle France de Softball, du coup j'ai fait 5 ans en sport études, j'ai obtenu mon bac général et ensuite je suis partie en licence de mathématiques en région parisienne. »
Chiara ne quittera plus le Softball, et entamera alors un parcours sportif de haut niveau tout en poursuivant ses études, d’abord en mathématiques, puis en se réorientant vers les métiers du sport.
« J'ai validé ma première année et en deuxième année j'ai fait une réorientation pour me lancer dans les métiers du sport, et du coup j'ai intégré la formation du DEJEPS Baseball/Softball au CREPS de Montpellier. »
Côté sportif, la Grenobloise rejoint directement la Division 1 Féminine Softball en intégrant le club des Pharaonnes d’Evry-Courcouronnes.

Après cinq saisons dans le club francilien, un titre de championnes de France de première division en 2022, un titre de Challenge de France féminin Softball en 2023, deux trophées de meilleure frappeuse du Challenge (2022 et 2023), un titre de MVP du Challenge en 2023 et une Coupe d’Europe des clubs en poche à domicile, Chiara rejoint ensuite le club des Comanches de Saint-Raphaël en 2024.


La joueuse accumule les expériences nationales et internationales, remporte le championnat de première division en 2024 avec les Comanches, et le Challenge de France féminin Softball 2025 en mai dernier, retransmis pour la première fois à la télévision.

Des souvenirs mémorables… mais c’est en équipe nationale que l’émotion atteint son apogée !
« J'ai eu la chance de faire des Coupes d'Europe avec les clubs, et après pour tout ce qui concerne l'équipe nationale, j'ai fait ma première équipe de France U16 en 2017 et après tous les ans je refaisais une équipe nationale U19. J'ai aussi refait des U16, j'ai fait une U18, des seniors et à côté en parallèle j'ai eu quelques opportunités sur le Baseball5 et le Baseball féminin mais c'est derrière moi aujourd'hui. Donc là ça fait 1 ou 2 ans que je suis focus à fond sur le Softball, principalement avec les collectifs U22 et senior. »

Membre de longue date des équipes de France, Chiara incarne l’engagement pour le haut niveau. Porter le maillot tricolore représente pour elle une immense fierté :
« C'est quelque chose qui tient tellement à cœur et qui est tellement important pour moi. [...] C'est une sensation que je n'arriverai pas à décrire, mis à part que c'est une fierté et que c'est l'objectif final que j'ai envie d'atteindre. C'est de performer avec l'équipe de France et de potentiellement un jour ramener un titre conséquent.
C'est les moments les plus intenses que tu vis et tu ne saurais pas vraiment l'expliquer parce que tu pourrais vivre exactement les mêmes matchs dans un autre contexte. C'est un peu comme si tu avais une aura autour de toi, qui te pousse à aller chercher ce truc en plus. »

Parmi toutes ses expériences, Chiara garde un souvenir mémorable du Championnat d’Europe U22 de Softball, en 2024.

« C'était le rendez-vous pour toute ma génération. On a grandi ensemble et on a vécu des hauts et des bas. Et on savait que cette échéance-là, c'était vraiment celle où on allait pouvoir faire la meilleure performance qu'on était capable de faire dans les catégories jeunes et contre des filles de notre âge. Et donc c'était vraiment un moment très attendu. Ça pouvait bien et mal se passer. Au final, on a eu de très belles performances cette semaine-là.
Aujourd'hui, c'est mon meilleur souvenir tant sur le sportif, sur ma performance, que sur le côté humain de l'expérience. »

Chiara n’est pas seulement sur le terrain : elle s’y trouve aussi au bord, en tant qu’encadrante. Son engagement dans le coaching est né lors d’une saison aux Pays-Bas pendant le Covid, puis s’est affirmé au fil des années.
« J'ai eu quelques opportunités quand j'étais jeune d'encadrer du Softball. La toute première, ça a été pendant le Covid, quand j'ai fait une saison aux Pays-Bas. J'ai encadré un groupe de jeunes le temps d'une semaine sur un stage là-bas avec ma coéquipière Emma PATRY de l'époque, et cela m'avait beaucoup plu. »
Une belle découverte pour la joueuse internationale, qui voulait à la base devenir professeur de mathématiques.
« Puis ensuite, j'ai eu l'opportunité de coacher avec Céline (LASSAIGNE) sur un camp national quand j'étais pensionnaire du Pôle. Après, je suis arrivée en post-bac et j'ai fait un service civique dans des missions d'encadrement sur les sections 9U et Softball mixte. Et du coup, de fil en aiguille, j'ai arrêté la fac et je ne me voyais pas faire un métier dans lequel je ne me projetais pas. J'ai donc intégré cette formation-là parce que c'était le moment pour le faire. »
Aujourd’hui, elle finalise sa formation DEJEPS et a passé le concours de professeur de sport de catégorie A.
« Il faut distinguer le concours et le Diplôme d'État (DE). Le DE, c'est la formation qui est dispensée par le CREPS de Montpellier et l'INFBS qui me permet d'avoir un diplôme d'État pour encadrer. Et de l'autre côté, c'est le concours pour être catégorie A dans la fonction publique au niveau du Ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative. »
Son engagement en tant qu’encadrante n’empêche pas Chiara de rester active sur le terrain, comme en témoigne sa participation à la Super League Softball chaque année.

Elle s’est d’ailleurs distinguée à plusieurs reprises parmi les meilleures joueuses du tournoi en 2023 et 2025. Pourtant, Chiara insiste sur l’importance du collectif dans ses performances individuelles :
« J'ai été dans le haut du classement sur certains instants, mais pour moi il y a quand même beaucoup de collectif, même si c'est un classement individuel à la fin. Je n'aurais jamais pu avoir ce classement-là sans ma lanceuse qui performe avec moi par exemple sur la défense, ou mes coéquipières qui avancent sur les phases offensives pour nous faire marquer des points. »

Pour rappel, la Super League Softball rassemble des athlètes s’inscrivant dans une perspective de haut niveau, qui s’affrontent lors de plusieurs week-ends de compétition. Et cette année, le tournoi a annoncé des bouleversements innovants dans son règlement et son format de jeu, visant à apporter plus de dynamisme et de stratégie à la compétition. Chiara voit en cette compétition une opportunité unique :
« On est regroupées avec toutes les filles du collectif France élargi et cela permet d'avoir un niveau assez important, et des matchs où l'on peut s'entraîner sur certaines choses que l'on ne peut pas forcément travailler dans d'autres circonstances.
C'est un moment que j'apprécie car cela permet de jouer avec mes coéquipières de l'équipe de France, de les affronter et de changer un peu de l'environnement du club où l'on est tout le temps avec les mêmes personnes et le même schéma. Je trouve que c'est bien pour la capacité d'adaptation et même le fait de se confronter au meilleur niveau qu'on a en France aujourd'hui. »
Élue à la Commission fédérale des sportifs de haut niveau en 2024, la joueuse œuvre également pour représenter la voix des athlètes.
« Je pense qu'il y a des choses à faire. Il y a tout un environnement pour permettre de performer qui est parfois compliqué à mettre en place quand on est dans un sport amateur, mais du coup il faut se débrouiller avec ce qu'on a et je trouvais que ça laissait une opportunité entre sportifs de pouvoir en parler, échanger, trouver des solutions tous ensemble, proposer des choses.
Notre objectif principal est vraiment d'établir un diagnostic sur les difficultés et les choses qui fonctionnent bien pour avoir une image concrète de la situation, et ensuite essayer de mettre en place des actions. »

Sur la féminisation de nos disciplines, la Grenobloise pose un constat lucide mais optimiste :
« J'ai eu la chance de grandir dans un club à Grenoble où il y avait une équipe féminine en première division de Softball, et je me suis rendue compte que ce n'était pas le cas pour tout le monde. Beaucoup s’entraînent seules avec des garçons. [...] J'ai fait une étude statistique sur les licences féminines et elles restent assez peu et très réparties. Quand j'étais à Evry et que je faisais mon service civique, j'avais une fille dans tout mon collectif jeune. Mais je pense que ce sont des choses qui évoluent et qu'il faut encore travailler là-dessus pour améliorer la situation. »
Tout au long de son parcours, Chiara a pu compter sur le soutien d’une multitude d’acteurs qu’elle tient à remercier.

« Il y a tous les encadrants que j'ai pu avoir.
Dès le départ, j'ai été beaucoup entraînée par Vincent COSTE et Victoria BITEUR sur mes années à Grenoble. C'est eux qui m'ont apporté les bases. Ensuite, les encadrants que j'ai eu à Rouen. Et bien évidemment, Céline LASSAIGNE au niveau du Pôle et Charline GARTNER.
Et puis après, des coéquipières. Principalement celles avec qui j'ai fait le Pôle ou celles avec qui j'ai grandi par exemple quand j'étais à Evry. Et puis, les deux clubs dans lesquels j'ai évolué en première division qui m'ont beaucoup apporté. (Pharaons d'Evry-Courcouronnes puis Comanches de Saint-Raphaël sur les deux dernières saisons)
Sur le plan professionnel, Charline GARTNER et Aina RAJOHNSON m'ont aidé à mettre en place mon projet. Et puis, globalement, la DTN qui accompagne les SHN et qui nous donne des opportunités.
Enfin, bien sûr, ma famille et mes proches pour leur soutien. »
L’été 2025 sera riche pour Chiara : Coupe d’Europe avec Saint-Raphaël en août et Championnat d’Europe senior de Softball avec l’équipe de France en septembre. Sur le plan professionnel, son avenir dans le sport institutionnel prend forme.
Souhaitons-lui le meilleur pour les échéances à venir, sur le terrain comme en dehors.
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