Fédéral

Publication } 24-04-2025

Dans ce dix-huitième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre d’Aurélie BACELON, actuelle Vice-Présidente de la FFBS, ex joueuse internationale et dirigeante investie depuis des années au sein de nos disciplines.

Née à Corbeil-Essonnes le 24 septembre 1982, Aurélie découvre d’abord le Baseball avec l’école municipale des sports d’Evry-Courcouronnes.

“Tous les mercredis, on découvrait de nouveaux sports avec cette école municipale et le Baseball est venu se présenter, et j’avoue que j’ai eu un coup de cœur pour ce sport quand j’étais petite.”

C’est à l’âge de 22 ans qu’Aurélie commence à pratiquer chez les Pharaons d’Evry-Courcouronnes, après 6 ans d’athlétisme.

“Je crois que cela fait 20 ans que je suis licenciée (à Evry).”

Malgré une pratique à l’époque très peu féminisée, l’Essonnienne a su se faire sa place pour exercer sa nouvelle passion.

“En fait, à l’époque les féminines au Baseball ne pouvaient pas jouer en mixte avec les garçons, il n’y avait pas assez de femmes dans le club pour avoir une équipe féminine de Baseball, et pas de championnat dans tous les cas. Et le Softball, je ne connaissais pas encore. Donc au début, j’ai pu jouer un petit peu avec les garçons, mes coachs acceptaient de me mettre en match et demandaient aux équipes adverses s’ils acceptaient qu’une fille joue. Il y en a qui disaient oui et d’autres non. [...] J’ai même eu un lanceur qui a refusé de lancer, mais ça va les coachs l’ont bousculé pour qu’il accepte. Je lui ai mis un hit donc j’étais contente.”

Un exemple inspirant de persévérance et de détermination. Mesdames, vous êtes et serez toujours les bienvenues à la FFBS ! Par la suite, Aurélie découvre le Softball :

“J’ai découvert que le Softball existait et là je me suis dit “Il y a une brèche, on va essayer de voir comment faire pour qu’il y ait du Softball à Evry” ! Donc ça a commencé avec le Softball mixte, qui a eu une place assez importante en Île-de-France d’années en années, on arrivait jusqu’à deux championnats où il y avait pas loin de 18 équipes au total sur la région, ce qui a permis d’avoir des féminines à Evry, et de les garder dans le temps.”

Si l’Essonnienne découvre notamment le Softball mixte avec les Caribous de Limeil-Brévannes, elle pratique aussi avec l’équipe féminine de Softball du BCF Paris. 

“Je suis restée engagée avec Evry tout au long de mon parcours, que ce soit pour encadrer les équipes, le mixte et les jeunes. Ma première équipe féminine a été avec les HELLS (Evry, Noisy) puis les PIMKIES (équipe des 4 clubs de l'Essonne). Quand j’ai joué avec le BCF quelques années, cela m’a permis d’avoir ma première expérience en Division 1, c’était vraiment une très chouette expérience qui m’a permis de grandir, de participer à mes premières Coupes d’Europe. Puis en 2017, la première équipe féminine du club est née. En 2024, une seconde équipe féminine complète les effectifs ! Une fierté.”

Joueuse mais également entraîneure de l’équipe mixte d’Evry, Aurélie intègre l’équipe de France féminine de Softball quelques années plus tard.

“Je crois que j’avais 30 ans quand j’ai pu intégrer le collectif France. Et ma première expérience internationale commença avec un Championnat du monde à Surrey au Canada en 2016. Expérience de fou, juste unique ! C’était vraiment très bien, après ce n’était pas évident d’appréhender le haut niveau directement avec ce type de compétition. Je pense que ce sont des choses qui s’apprennent toujours mieux quand on est jeune et avec l’expérience, mais voilà c’était une aventure de folie, juste dingue. Et l’année d’après, en 2017, c’était le Championnat d’Europe en Italie, très belle expérience aussi.”

Aurélie pratiquera environ six années sous le maillot bleu, tout en menant en parallèle sa carrière professionnelle à la RATP. Un emploi du temps chargé mais avant tout très bien ficelé, demandant rigueur et passion.

“A côté de ça, j’étais Manager à la RATP. Je travaillais à temps plein sans aménagement d’horaire de travail, donc je me levais à 6h du matin pour faire mon premier entraînement, je partais à 7h30 pour rentrer à 19h, pour faire mon entraînement du soir. Le matin, la musculation, le soir le Softball. Ça pendant près de 6 ans. J’ai beaucoup apprécié tout ce processus d’apprentissage.”

Un parcours riche d’enseignements et de sacrifices, que l’Evry-Courcouronnaise ne regrette pour rien au monde.

“Cela t'apprend aussi à t’organiser, à faire des choix : quel temps tu consacres à quoi, forcément les loisirs sont un petit peu différents, mais moi j’ai adoré. C’est ce qui m’a permis d’avoir des armes aussi pour faire ma place en équipe de France, de me sentir bien sur un terrain, j’ai ressenti les bénéfices encore plus après dans le temps. La sérénité, la confiance, viennent clairement avec l’expérience. Et derrière, toutes ces étapes me permettent aussi de les transmettre.”

Une transmission qui passe par l’encadrement des équipes jeunes et de l’équipe féminine de Softball d’Evry-Courcouronnes à l’époque en quête de Division 1. Riche de ce parcours et de ces expériences, Aurélie a ainsi pu être en mesure d’accompagner et de conseiller le club sur les changements à opérer pour “tenir la cadence dans le temps”.

Lorsqu’on lui demande ce qui lui plaît le plus dans nos sports, elle nous répond ceci :

“J’aime le sport de base, j’aime la compétition de base. J’aime les challenges, les défis, et les émotions fortes.

Ces fameux temps qui sont à la fois collectifs et à la fois individuels. Dans un At Bat, on se prépare dès le dugout, dans le cercle du frappeur puis dans la boîte du frappeur. Là on est seul, mais on travaille pour l’équipe, on ne travaille pas pour soi. L’objectif c’est de faire avancer le collectif.

Sur la défense, pareil, on est sur des actions de jeu qui sont d’un côté assez individuelles, mais qui se construisent pour le collectif.

Il y a des stratégies qui se mettent en place, la stratégie moi j’ai beaucoup aimé ça effectivement d’un point de vue encadrant.

Et puis ce que j’aime beaucoup dans ce sport, c’est qu’il est ouvert à beaucoup de compétences. Il n’y a pas un profil type pour être un bon joueur : on peut avoir des qualités de vitesse de course qui viennent compenser éventuellement une puissance de frappe moins importante, on peut justement courir moins vite et frapper des home runs à tout va, on peut être quelqu’un qui a une intelligence de jeu et donc une qualité de lecture et de déplacement qui va nous rendre plus performant…

Voilà, donc c’est l’ouverture à beaucoup de profils, à la fois intellectuels et physiques.”

Cette diversité de profils et d’approches qu’offrent nos disciplines trouvent également un écho dans les moments marquants de sa carrière, que ce soit en tant que joueuse, encadrante ou bénévole.

“En tant que coach, j’avoue que le Challenge de France féminin de Softball 2024 a été l’un des plus beaux souvenirs pour moi en tant que Manager. Je gérais l’équipe de bout en bout, j’étais seule sur cette compétition, mais les planètes étaient alignées à la fois dans mon état d’esprit, dans ma construction de la compétition, et avec les joueuses. Et oui, pour moi ça a été l’une des plus belles compétitions que j’ai eu à faire en tant que Manager d’équipe. Tout était aligné, tout était serein, tout s’est mis en place et on a vécu des super matchs et une belle compétition.”
Challenge de France Féminin Softball 2024 – Crédit photo : Glenn Gervot

En tant que joueuse, Aurélie revient sur sa victoire avec les Pharaonnes à domicile lors de la Coupe d’Europe de 2022.

“Gagner à la maison, c’est un moment de fou ! Avec près de 600 personnes autour de nous qui étaient là pour nous encourager, c’était un match du soir donc en plus c’est une autre ambiance quand il fait nuit. Grâce à l’une de mes frappes, je crois que l’on score le premier point du match ou de la victoire, c’était juste une semaine de dingue. Parce que jouer une coupe à la maison ça n’a tellement rien à voir, mais en plus de la gagner à la maison, c’était vraiment chouette avec les coéquipières, les amis, la famille.”

En tant que bénévole/élue, Aurélie nous transmet un retour plus global sur les accomplissements dont elle est fière :

“C’est le fait de voir tous les rêves qu’on a pu faire réaliser aux uns et aux autres. On a fait venir des jeunes du Cambodge 12U à Evry, qui ont logé dans des familles des joueurs du club, ça a été un échange, une rencontre pendant une semaine avec un partage de culture invraisemblable.

On a embarqué 15 filles des quartiers d’Evry (équipe féminine 15U) à vivre une année de compétition, elles ont découvert d’autres régions de France, elles se sont déplacées à Clapiers, à Montpellier, c’était déjà une première aventure de dingue.

Derrière on est partis à Miami, pour faire une semaine d'entraînement là-bas… Voilà, ce sont des rêves un peu fous qui se font. Tous les couples qui se sont créés dans le club et les bébés qui en sont arrivés, voilà, c’est toutes ces choses-là.

L’accompagnement sur la prise de confiance, les personnes qui prennent des responsabilités sur des petites tâches mais qui derrière se sentent valorisées, et ça joue dans leur construction de vie, surtout chez les plus jeunes qui ont besoin de ça.

C’est comment on peut mettre un peu d’étoiles, de paillettes dans la vie de chacun, et comment les uns et les autres deviennent aussi acteurs pour faire réaliser ces choses-là, et pour qu’ils prennent autant de plaisir à les vivre qu’à les mettre en place.”

Sur la question du bénévolat et de l’investissement dont elle fait preuve depuis des années, Aurélie nous raconte comment lui est venue l’envie de devenir bénévole au départ. Lors d’une assemblée générale du club d’Evry, le président du Comité départemental de l’Essonne de Baseball et Softball, Philippe Denis, lui propose de rédiger le compte-rendu, ce qu’elle accepte. De fil en aiguille, elle rejoint le Bureau des Pharaons assez rapidement. À son arrivée au milieu des années 2000, le club compte environ 40 licenciés et est principalement porté par des jeunes d’une vingtaine d’années.

Lorsqu’on lui demande ce qui peut motiver une personne à s’engager en tant que bénévole, Aurélie nous répond ceci :

“Beaucoup de satisfaction, je pense. De rencontres avec les autres, de réunir, et toutes les compétences sont possibles dans le bénévolat, qu’il soit sportif, culturel, les associations d’utilité publique… Il y a besoin de compétences organisationnelles, juste des mains, de la main d'œuvre, de la comptabilité, quelqu’un qui sait faire un peu de communication [...], des officiels, il y a vraiment toutes les compétences qui se retrouvent dans l’associatif.

Aujourd’hui, c’est ce qui fait aussi vivre notre société, et un bénévole, c’est la satisfaction d’avoir mis une pierre à un édifice sociétal, et ça lui est rendu en général, même si des fois il y a des hauts et des bas.
(en rigolant) Des fois, on donne beaucoup d’énergie pour que derrière ça soit compliqué, mais c’est les sourires des autres, les sourires que ça nous procure à nous aussi, les rencontres, les échanges, qui boostent…”

De bénévole à élue : il n’y a qu’un pas ! Devenue Présidente du club d’Evry en 2016 et durant 8 années, Aurélie a récemment été élue Vice-Présidente de la Fédération Française de Baseball et Softball (FFBS) en charge de la féminisation.

“Le grand public ne connaît pas forcément beaucoup nos sports, mais en plus, les voit plutôt comme une pratique masculine donc il y a besoin de les faire connaître en tant que pratique féminine. Il est important que les uns et les autres, hommes comme femmes, aient un discours qui soit vraiment mixte, qui soit à dire que tout est accessible pour l’homme comme pour la femme, que tous les sports se pratiquent pour la femme comme pour l’homme, et que tous les rôles peuvent être pris par l’un comme par l’autre. Que ce soit être manager, être dirigeante ou être joueuse, tout se fait au féminin à ces trois niveaux.

Cela progresse d’ailleurs en France. Il y a des actions qui s’engagent au niveau national, avec à la fois l’équipe de France féminine de Softball et l’équipe de France féminine de Baseball. Il y a des régions qui poussent vraiment à la pratique féminine, il y a une dynamique qui est favorable à ce qu’il y ait davantage de pratiquantes.”

Aurélie reconnaît néanmoins que le chemin reste long à parcourir, notamment auprès des jeunes licenciées, mais le constat reste optimiste avec de nombreuses solutions à trouver et un travail à mener en ce sens !

“Il faut qu’il y ait des références dans les clubs, des féminines qui encadrent pour que les jeunes filles se projettent, puissent se dire “c’est effectivement un sport qui est féminin”. Dans les communications, il faut montrer des filles jouant au Baseball et jouant au Softball. Il n’y a pas de secret. Beaucoup de choses passent par la communication et puis le rabâchage ! (en rigolant) Donc c’est pour moi une responsabilité de tous dans notre Fédération et ses institutions, d’arriver à faire évoluer la situation.”

Grâce à son expérience accumulée au fil des années, Aurélie a reçu le mérite fédéral de l’entraîneur Softball en 2017, et a été élue ambassadrice du sport dans l’Essonne en 2018.

La Pharaonne tient à remercier l’ensemble des personnes l’ayant accompagné tout au long de son parcours.

“Gaël Ruiz et Yvan Couvidat ont été mes premiers entraîneurs, des personnes qui ont la passion du Baseball, qui me l’ont transmise et ont su me donner beaucoup de confiance.

Après, Mickael Gérard et Sébastien Pinault qui ont été mes premiers partenaires dirigeants du club, avec qui on l’a fait grandir et avec qui on a vécu l’aventure de passer de 40 licenciés au départ, à 120 aujourd’hui.

D’un point de vue un peu plus sportif, Laurence Cornaille m’a beaucoup accompagnée. C’est l’une des anciennes athlètes de l’équipe de France et l’une des actrices aussi du Softball en France ; ainsi que Raina Hunter, une femme tellement inspirante !

Le BCF Paris, c’est un club qui m’a ouvert les bras pour me lancer à un niveau de compétition supérieur, donc avec Elena Consiglio et Florence Sauvage.

D’un point de vue arbitrage, parce que je suis aussi arbitre : Gilbert Lejeune, c’est un formateur de dingue qui sait transmettre sa passion d’un claquement de doigt.

Après, avec des acteurs étrangers : Daniel Joly, un grand coach canadien qui m’a beaucoup transmis sur la pratique en tant qu'encadrante mais aussi en tant que joueuse.

Frank Alaux, partenaire de coaching sur de nombreuses années, avec toujours la touche d’humour au bon moment.

Ensuite, forcément la famille et les amis, qui subissent mais qui accompagnent surtout, qui respectent et comprennent en général les grandes et longues indisponibilités, et sont toujours là pour encourager.

Enfin, toutes mes coéquipières et tous mes partenaires de Bureau sur ces vingt dernières années au sens large. Tout seul on n’avance pas loin, avec les autres c’est plus facile, on est plus fort !”

Actuellement en reconversion professionnelle, Aurélie prend un peu de distance avec le monde du Baseball/Softball mais n’en reste pas moins investie auprès de la Fédération et de son club.

“Cette année est ma première pause en tant que joueuse. Après 20 ans, ce n'est pas facile, j’aime tellement nos sports de batte ! Mais ce sont des choix qui doivent être faits si je veux entreprendre, donc il faut que je mette les moyens pour y arriver.

Aujourd’hui, mes objectifs à très court terme sont d’accompagner la passation avec Cédric Rault qui est le nouveau Président du club des Pharaons, je porte l’organisation des deux grands événements qui vont arriver cette année au club, et après effectivement je me suis engagée au niveau de la Fédération parce que je me dis que c’est maintenant que je peux mettre la main à la patte, pour donner un coup de pouce à la féminisation de nos sports à tous ces niveaux, et ainsi je l’espère mobiliser les uns et les autres.”

Des projets sur la féminisation de nos sports sont d’ailleurs déjà amorcés… Affaire à suivre !

“Je fais un appel à nos grandes sportives d'hier et d'aujourd'hui pour qu’elles intègrent le Collectif des Femmes du Diamant. Un plan d'action se dessine pour la rentrée 2025 avec l’envie d'être présentes dans les clubs pour aider au recrutement de nouvelles jeunes licenciées, de donner des outils aux entraîneurs pour former au Softball et encadrer les féminines, afin de valoriser nos dirigeantes et établir un réseau entre les actrices de nos sports !”

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Chaque mois, la Fédération met en lumière une sportive, une officielle, une dirigeante ou une bénévole dans le cadre du format Femmes de Sport.

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