Fédéral

Publication } 30-07-2025

Crédit photo : Glenn GERVOT

Dans ce vingt-deuxième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Raina HUNTER, ancienne joueuse et encadrante emblématique de l’équipe de France de Softball et des collectifs jeunes.

Née le 26 juillet 1982 à Papeete, Raina découvre le Baseball au collège de la Grande Motte, grâce à ses professeurs d’EPS, Bernard SALLES et Éric HERVÉ. Très vite, elle se prend au jeu :

« Je faisais du tennis à l’époque, donc j’ai lâché le tennis et j’ai rejoint le club des Albatros de la Grande Motte. »

Ce qui lui a plu dans nos disciplines ?

« Tout. Ce qui m'a vraiment fait accrocher au départ, c'est de jouer avec des potes. Parce que c'était vraiment ça. C'était jouer avec mes amis et je trouvais ça vraiment cool vu que je venais d'une discipline individuelle qui était le tennis. Et le fait de pouvoir faire autant de choses : aussi bien frapper, courir, lancer… Et puis la variabilité des techniques était intéressante. Et le fait de frapper le plus fort possible dans une balle, j'aimais bien le concept aussi. »

Du terrain du collège à l’équipe de France, le parcours de Raina est aussi riche qu’inspirant. Elle débute par le Baseball, puis enchaîne rapidement sur le Softball, d’abord en mixte, puis en équipe féminine. Sa première compétition féminine arrive avec les Interligues, à 17 ans.

Un an plus tard, en 2000, elle connaît sa première sélection en équipe de France.

« Et après, ça s'est enchaîné dans différents clubs. Le club de Montpellier, puis Nice avec qui j'ai joué ma première Coupe d'Europe, puis le BAT, puis les Comanches de Toulon (devenues aujourd'hui Saint-Raphaël). »
Crédit photo : Glenn GERVOT

Raina remporte notamment 10 titres de Championne de France de Division 1 Féminine Softball avec les Comanches dans les années 2010. A partir de 2006 et jusqu’en 2020, la joueuse participe à une Coupe d’Europe chaque année.

« C'est une expérience marquante car c'est avec ton équipe de club, avec qui tu as gagné le championnat l'année précédente qui te permet de vivre une compétition qui est l'une des meilleures compétitions européennes parce qu'il y a beaucoup de renfort dans les autres équipes. »
Crédit photo : Glenn GERVOT

La suite ? Une aventure de 19 ans en Bleue, ponctuée de 72 sélections, 7 championnats d’Europe, 1 Mondial et 1 Tournoi de Qualification Olympique (TQO).

« Mon parcours en équipe de France, c'est 19 ans où je porte ce maillot-là. Ce que ça représente ? Ça représentait tout, toute ma vie. J'ai tout articulé professionnellement parlant, tout était pour ça. Tout ce que je faisais, c'était dans l'objectif de performer en équipe de France.

J'ai articulé mes études où j'ai fait STAPS pour pouvoir apprendre des choses et aussi entraîner parce que c'est ce qui m'a fait être aussi une bonne joueuse, c'est parce que j'entraînais. Et après, dans mes souvenirs, l'équipe de France, c'était vraiment pareil : un moment avec des potes, qui sont vraiment devenues des amies, où on avait un objectif commun construit ensemble pour pouvoir atteindre ce qu'on avait décidé, les joueuses et le staff. »

En 2019, la n°21 est l’athlète ayant produit le plus de points sous le maillot bleu (27), frappé le plus de doubles (11), obtenu le plus de but-sur-balles (28) et disposant de la meilleure moyenne de points mérités (1,08). Elle remporte ensuite l’édition inaugurale du Championnat d’Europe Féminin de Baseball en 2019 à Rouen.

Il suffit de quelques secondes d’échanges avec Raina pour comprendre toute la fierté, l’engagement et la passion qui l’ont animé toutes ces années :

« Porter le maillot de l'équipe de France, pour moi, c'est ma plus belle fierté. C'est ce qui fait que je suis ce que je suis aujourd'hui. Je suis fière d'avoir porté ce maillot-là aussi longtemps, que ce soit en tant que joueuse ou en tant qu'entraîneur. »

Très tôt, Raina prend en effet goût à l’encadrement de par ses études en STAPS et son ambition initiale de devenir professeur d’EPS.

« Très rapidement, je dois, dans le cadre de mes études, entraîner en club. Donc pour moi, c'était logique d'entraîner du Baseball et du Softball. Plutôt du Baseball d'ailleurs que du Softball à cette époque-là. Et en fait, j'ai toujours fait les deux. Et je suis arrivée sur les encadrements des équipes nationales avec Ghislaine ETHIER, qui était Manager des Seniors en 2006. »

Elle intègre donc le staff des équipes nationales dès 2006 aux côtés de Ghislaine ETHIER, et s’y investit avant tout pour le partage de valeurs fondamentales, applicables au sport comme dans la vie : 

« Pour moi, le sport, quel qu'il soit, véhicule des valeurs. Des valeurs d'entraide, de fair-play, de respect. Et tout ça, ce sont des valeurs qui me sont chères personnellement. Et en fait, ma priorité dans l'encadrement, c'est de transmettre ces valeurs-là, de faire comprendre aux jeunes ou aux moins jeunes, l'intérêt de se dépasser, pas que pour soi, mais pour l'équipe, et de travailler ensemble pour atteindre un objectif commun. Parce que, pour moi, dans la vraie vie, dans la vie de tous les jours, dans la vie professionnelle : seul, on n'est rien. Et si on l'apprend à travers le sport, qui va être du loisir, de se fixer un objectif, de travailler pour, je pense que ça peut nous aider aussi dans le reste de notre vie. »
Crédit photo : Glenn GERVOT

Raina évoque aussi l’importance de faire comprendre la valeur du maillot.

« Un maillot, ça se respecte. Et la phrase de dire « On n'est pas payées comme Mbappé, mais on porte le même maillot », c'est quelque chose que je disais systématiquement, pour leur faire comprendre l'importance de ce qu'elles représentaient, ce qu'elles allaient représenter quand elles allaient retourner dans leur club. On porte le même maillot France, et la Marseillaise qu'on chante en début de match, c'est la même. Donc, voilà. C'était ça, ma priorité, avant de parler de technique ou stratégie, c'était le partage des valeurs. »

Manager investie des collectifs jeunes Softball et du Pôle, elle s’arrête en 2025 après un long et beau cycle de transmission.

«  On a travaillé ensemble sur les équipes de France, puis le Pôle et après, jusqu'à ce que je prenne le management des plus jeunes, que j'ai arrêté cette année. »

Si Raina HUNTER a accumulé de l’expérience en tant que coach, elle a aussi une carrière étoffée en tant que joueuse avec une expatriation marquante aux Pays-Bas au sein du club des Alcamaria Victrix (Golden League).

« Les Pays-Bas, j'y vais en 2013. Je suis contactée par un club là-bas parce que j'avais fait une super saison en 2012 et un bon championnat d'Europe en équipe de France en 2011. »
Crédit photo : Glenn GERVOT

Grâce à ses performances et au soutien d’André PRINCE, alors Manager de l’équipe de France, Raina rejoint le club néerlandais à Alkmaar (Pays-Bas).

« C'était une expérience de fou : les terrains, la structuration, le niveau de jeu… Et puis vivre à Alkmaar, tout faire à vélo, ça m’a plu humainement autant que sportivement. C'était vraiment chouette de pouvoir vivre ça. »

Un seul regret : une contre-performance au championnat d’Europe avec les Bleues en 2013, qui a suivi cette belle saison.

« J'aurais aimé pouvoir vraiment mettre à contribution cette expérience aux Pays-Bas. Ça fait partie du sport. Parfois on performe, parfois un peu moins. »

Sur le sujet de la place des femmes dans nos disciplines, Raina pose un constat réaliste mais optimiste :

« À travers la communication qui est mise en place depuis quelques années par la Fédération, ça évolue. Alors, avec « Femmes de sport », mais globalement aussi sur les différents réseaux, on peut plus facilement suivre les résultats, les choses comme ça. Après, ce n'est pas encore suffisant pour moi, notamment parce que je suis assez convaincue qu'il faut qu'on arrive à avoir plus d'encadrantes dans les clubs, sur le terrain, pour pouvoir donner envie aux jeunes filles de venir et surtout de rester, parce qu'on a pas mal de turnovers.

La place des femmes évolue, il y en a beaucoup, de plus en plus, mais il faut encore travailler sur les officielles, les encadrantes, les dirigeantes dans les clubs. »

L’ancienne internationale tient à remercier l’ensemble des personnes qui ont compté dans son parcours :

« Ghislaine ETHIER, qui a été mon premier Manager en équipe de France et qui m'a accompagnée dans mon développement aussi bien en tant que joueuse qu'en tant que femme, clairement. Bien évidemment, Éric HERVÉ et Bernard SALLES, sans eux, je ne serais pas là. Ça a été les premiers.

Et après, la liste est trop longue, mais toutes les personnes avec qui j'ai joué ou qui m'ont coachée sont les personnes que je tiens à remercier parce que, qu'on se soit apprécié ou pas, c'est ce qui a fait notre réussite collective, la réussite et le développement de l'équipe de France.

Et bien sûr toutes mes coéquipières, que ce soit en club ou en équipe de France, c'est ce qui a fait ce que j'ai été sur un terrain. »

Et maintenant ? Raina prend du recul :

« Je me mets au padel et au golf ! Ça me va bien de changer un peu d’air, mais ça ne m'empêche pas de suivre et de continuer à encourager les équipes de France et tous les gens qui jouent et qui se battent au quotidien pour nos disciplines. Là, je sais que les filles (équipe de France féminine 18U de Softball) sont en plein dedans (interview réalisée durant leur Euro), les moins de 18, j'ai une grosse pensée pour elles, bien évidemment. »

Si elle n’est plus directement sur les terrains aujourd’hui, nul doute que l’empreinte de Raina HUNTER continue d’inspirer toute une génération.


Plus sur Femmes de Sport

Chaque mois, la Fédération met en lumière une sportive, une officielle, une dirigeante ou une bénévole dans le cadre du format Femmes de Sport.

Retrouvez les précédents portraits :