Fédéral

Publication } 07-10-2025

Crédit photo : @petravoet_sportsphoto

Dans ce vingt-quatrième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Mélissa MAYEUX, joueuse internationale de Softball ayant marqué l’histoire du Baseball et fait évoluer la pratique féminine en France.

Née le 2 novembre 1998 à Trappes, Mélissa découvre le Baseball dès l’âge de 4 ans, en suivant son frère Dylan.

« Quand j’étais petite, je voulais tout faire comme mon frère. Il cherchait des sports à faire, il avait testé le football, plein de sports… Et en se baladant dans Montigny, il a voulu regarder un match et a dit à ma mère qu'il voulait essayer. Et comme je voulais tout faire comme lui, je me suis lancée aussi et depuis, on ne s'est jamais arrêtés », raconte-t-elle.

Cette première initiation l’amène à intégrer une équipe de Baseball du côté de Montigny-le-Bretonneux et à rapidement se démarquer.

« À la base, les règles disaient qu'à 12 ans, on devait changer de sport (si on était une fille). Et je ne comprenais pas pourquoi je devais changer de sport si je l'aimais bien. J'ai vraiment grandi avec les garçons, avec mon frère. Pour moi, c'était juste logique, je ne voyais pas vraiment de différence », ajoute Mélissa.

Par la suite, elle devient alors la première fille à intégrer le Pôle France Baseball à Toulouse, après avoir convaincu les instances dirigeantes de repousser la limite d’âge.

« À mes 14 ans, j'ai été curieuse de faire une détection pour le Pôle France de Baseball à Toulouse. J'y suis allée sans vraiment d'arrière pensée, mais je me suis dit que si ça marchait, tant mieux, ça me relancerait pour encore 4 ans. Au final, ça s'est bien passé, j'ai été intégrée. Du coup, j'ai rappelé le président de la Fédération et on a dû faire en sorte que je puisse jouer normalement comme tout le monde. Après, les règles se sont élargies. »
Crédit photo : Glenn GERVOT

Après de nombreuses rencontres jeunes et de tournois avec son club, Mélissa continue à faire évoluer les règlements nationaux et internationaux en pratiquant dans les équipes de France Jeunes de Baseball. Elle s’exprime sur le rôle déterminant de la FFBS :

« Sans l'aide de la Fédération, personnellement, je n'aurais pas pu continuer à jouer et je n'aurais pas eu l'occasion de faire tout ce que j'ai pu faire. »

Le parcours de Mélissa est jalonné de premières historiques : première femme championne de France de Division 2 Baseball en 2014, également la première en équipe de France de Baseball 18U, elle devient aussi à 16 ans la première femme inscrite sur une liste internationale de la MLB. La joueuse entre alors dans une autre dimension…

« C'était un but que je voulais atteindre, mais je n'aurais jamais pensé à l'effet médiatique qui allait suivre après. À 16 ans, c’était difficile parce que ce n’était plus qu’en France… C’était vraiment mondial. A cet âge-là, se prendre certaines réflexions, lire certaines choses qui ne sont pas forcément positives, c'était dur. Aujourd'hui, je pense que c'était une étape importante et ça m'a fait grandir plus vite. Mais sur le moment, c'était difficile à gérer en termes de pression, en termes de mentalité, ne pas se tromper de voie… Mais maintenant, je suis reconnaissante. », confie-t-elle.

La joueuse mentionne l’encadrement du Pôle France :

« Au Pôle, j'étais bien encadrée, ils m'ont aidée. Je n'étais pas seule. Quand ça s'est passé, j'étais encore au Pôle (France Baseball) à Toulouse. C'était ma deuxième année. Boris (ROTHERMUNDT), Gerardo (LEROUX), tout le monde a été là. J'étais bien encadrée, même si je ne cherchais pas vraiment à trouver de l'aide. J'ai eu de la chance d'être entourée et d'être menée vers la bonne direction. Je n'étais pas laissée à l'abandon. »

Après ces étapes, Mélissa opère la transition vers le Softball.

« Je n'ai aucun regret parce que le Baseball m'a apporté et continue de m'apporter beaucoup, mais le Softball, ça m'a apporté des choses différentes et des expériences que peut-être que je n'aurais pas eu l'occasion de vivre en Baseball. La transition a été un peu longue pour moi car j'avais l'impression de repartir à zéro, mais pour les autres, ça a l'air assez facile. Juste le fait de jouer dans une équipe avec uniquement des filles, ça fait une différence. Mais après, une fois que la transition s'est faite, j'étais contente. Je suis encore contente. »

Cette nouvelle voie lui permet de poursuivre sa carrière à un niveau international :

« Personnellement, je n'aurais pas pu, en termes de niveau et en termes de développement entre les filles et les garçons, je n'aurais pas pu intégrer une équipe de France Senior au Baseball et je n'aurais pas eu accès aux choses que l'on fait avec l'équipe de France de Softball maintenant. C'est pour ça que je suis contente d'avoir fait cette transition parce que toutes les expériences que le Softball m'a apportées, c'est quelque chose de super important. »

Mélissa part jouer aux États-Unis en NJCAA à Miami Dade avant de rejoindre les Ragin Cajuns de l’Université de Louisiana Lafayette en NCAA Division 1, devenant la deuxième Française à accéder à ce programme.

« Les deux premières années, j'étais à Miami Dade. C'était trop bien. J'ai eu de la chance d'avoir une coach qui était super compréhensive. J'avais déjà commencé à jouer au Softball. Je faisais du Baseball au Pôle et parfois, je faisais les équipes de France en Softball. [...] En termes de niveau, c'était une vraie transition. C'était dur au début, mais ma coach m'a vraiment aidée. Elle était patiente et ça s'est bien passé.

En fait, quand on est en JuCo (Junior College), c'est une école de deux ans. Le but pour pouvoir continuer à jouer et continuer les études, c'est de trouver une université. Mon but personnel, c'était de trouver une université en D1. Et ça s'est fait assez bêtement : j'ai eu de bons résultats sur mes deux années, grâce à ça, ils m'ont repérée. Là-bas, j'ai beaucoup appris. Du coup, j'y suis restée trois ans au lieu de deux ans parce qu'il y a eu l'année de Covid. Ils ont annulé la saison de 2020, mais moi, ça m'a donné un an de plus pour faire des ajustements et continuer les études à côté. »

Mélissa revient sur ce qui l’a le plus marqué lors de ces années américaines : 

« Quand j'étais à Lafayette, aux Ragin Cajuns, c'était vraiment un autre monde. Les trois ans que j'ai pu faire là-bas, je n'arrive même pas à les expliquer. Tu te réveilles le matin, tu vas à l'entraînement, tu vas un peu en cours et ensuite tu fais de l'entraînement et tu restes pour frapper plus, et tu fais ça vraiment 24h/24. L'université là-bas était vraiment axée sur le Softball. Il y a toujours des universités qui sont plus foot US, plus basket, il y a toujours un sport qui est prédominant. Mais là-bas, c'était vraiment le Softball. Du coup, à chaque fois qu'on avait des matchs, le vendredi ou le samedi, le stade était blindé. C'était une ambiance de fou. Les fans là-bas, c'est un autre monde. »

Sa carrière universitaire la voit également nommée Joueuse de l’année de la Sun Belt Conference en 2022, année où elle signe un contrat professionnel avec les Vipers de la Women’s Pro Fastpitch.

En parallèle, Mélissa représente la France dans plusieurs catégories d’âge en Baseball et Softball, et vit chaque sélection avec fierté :

« J'ai toujours dit à ma mère qu'à chaque fois que j'avais l'occasion de porter le maillot France, j'avais l'impression que je mettais une cape de super-héros dès que j'allais jouer. C'est un sentiment qui n'est jamais parti depuis des années. Je ne pense pas que ça partira à un moment donné. Pour moi, c'est toujours un honneur. C'est tellement particulier. »
Crédit photo : @petravoet_sportsphoto

Une longue et belle évolution en bleu, durant laquelle elle jongle entre les collectifs :

« Je crois que ma première sélection, c'était avec les 15U en Baseball. Il n'y avait pas encore de 12U. Ensuite, j'ai fait les 18U en Baseball, et les 18U, 22U et Senior en Softball. Au Baseball, le maximum où je suis allée, c'était les 18U. Parfois, je faisais les championnats d'Europe de Baseball l'été et les championnats d'Europe de Softball aussi. Je faisais les allers-retours. »
Crédit photo : @benyphoto_czech

Par la suite, Mélissa se tourne progressivement vers le coaching, partageant son expérience avec des équipes de lycée et sur des programmes universitaires.

« Je trouve que ça m'apporte beaucoup. Le fait de coacher des plus jeunes et de voir comment elles se comportent, comment elles réagissent, comment elles jouent, comment j'arrive à les aider à corriger certaines choses. J'ai moins d'appréhension et je me sens moins bloquée sur certaines situations parce que j'arrive à avoir un regard assez reculé sur mes performances. Je me prends beaucoup moins la tête et c'est plus facile, même si j'en veux toujours plus et que j'ai une attente de moi-même qui est trop haute parfois », explique-t-elle.

Une opportunité qui lui est offerte naturellement :

« Sans m'en rendre compte, j'aidais beaucoup mes coéquipières à Lafayette sur la frappe, sur la défense. À chaque fois que j'étais au terrain, j'envoyais toujours des messages aux autres pour venir s'entraîner. Ça m'a toujours plu. Après, j'ai fait la saison avec les Vipers, après les Ragin Cajuns, puis je suis rentrée à Lafayette. Et c'était la première fois où je n'avais pas de rentrée, pas d'équipe. Depuis mes 14 ans, tout était réglé. Il y a toujours un coach qui me disait qu'il fallait que je sois ici ou là, à telle heure… Tu vas faire ci, tu vas faire ça, etc. Tout était réglé. Et en septembre, je me suis dit « Qu'est-ce que je vais faire ? ». Du coup, j'ai commencé à donner des leçons assez rapidement parce que je connaissais des petites là-bas. Ça a bien marché.

On a monté une cage de frappe pour que j'aie plus d'opportunités. Ensuite, il y a une équipe de lycée qui m'a contactée pour devenir leur Head coach. Sur le côté, je donnais des leçons. J'ai fait ça pendant un an.

Aussi, j'avais une coach à Lafayette qui venait d'être nommée Head coach pour une autre université. Elle m'a appelée et m'a dit : Tu es la première personne à qui j'ai pensé pour venir coacher avec moi. Et c'est parti ! On va dire que ça s'est fait assez bêtement, mais je pense que c'était aussi une suite assez logique des choses. De base, je ne m'étais jamais posée en me disant qu'un jour, j'allais vraiment coacher. »

En 2025, la joueuse s’est d’ailleurs vu confier la direction de l’équipe de France féminine 18U de Softball.

Euro féminin 18U Softball 2025 – Crédit photo : @ankarri

Ce nouveau rôle d’entraîneure vient renforcer plus que jamais le lien profond que Mélissa entretient avec nos disciplines. Elle nous confie d’ailleurs ce qu’elle apprécie le plus dans celles-ci :

« Je pense que c'est un tout. J'aime bien que ce soit un sport individuel, mais à la fois c'est collectif. C'est l'un des seuls sports où il y a besoin de toutes sortes de personnes. Il y a des gens qui frappent fort, des gens qui courent vite. Il y a de la place pour tout le monde. Il n'y a pas une spécificité en particulier qu'il faut avoir. Il y a plein de choses qui font que tu peux être une bonne joueuse. Le fait d'être en équipe, c'est comme une deuxième famille. »
Crédit photo : @jakub.kurak

Devenue une figure emblématique du développement du Baseball et du Softball en France, Mélissa souligne l’importance des progrès réalisés ces dernières années sur la féminisation de nos disciplines :

« Je trouve ça super qu'il y ait plus d'opportunités pour les filles en général. J'ai l'impression qu'il y a plus d'investissement et qu'il y a plus d'engouement maintenant que ce qu'il y avait il y a quelques années. Je trouve qu'il y a beaucoup plus de place et c'est cool d'avoir des plus petites qui peuvent courir sur un terrain et qui n'ont pas besoin de se prendre la tête pour savoir ce qui va se passer par la suite, parce qu'il peut y avoir une suite. Avant, il n'y avait pas de modèle, il n'y avait rien. Il fallait y aller un peu la tête baissée. Maintenant, si tu veux jouer, tu peux jouer. »

Pour les jeunes filles qui souhaitent se lancer dans nos disciplines, son message est simple :

« De se donner à fond. Déjà, si c’est un sport qui lui plaît, de juste prendre du plaisir et de tout donner. »

Tout au long de son parcours, Mélissa souligne le rôle déterminant de son entourage.

« Déjà mon frère… Je pense que ça a été le moteur de tout. Et ça l'est encore. Quand parfois, j'ai du mal ou qu'il y a quelque chose qui ne va pas quand je joue et même quand je ne joue pas. Il est toujours là pour m'aider à corriger des choses. Et ma mère, même si elle ne jouait pas, si elle n’avait pas été là, je n’aurais pas pu faire un quart de tout ce que j’ai fait. Elle m'a toujours poussée, a toujours trouvé les bons mots pour me remettre dedans. Elle a toujours su comment me percuter.

Après, je suis reconnaissante envers tous les coachs que j'ai eu depuis que je suis toute petite. Il y en a beaucoup. Et le Pôle, ça a vraiment été un point déterminant en termes de focus sur ce que je voulais faire, focus sur la suite. Ils m'ont vraiment aidée à me développer en tant que joueuse et personne. C'était un âge déterminant. »

Aujourd’hui, la joueuse poursuit sa carrière avec l’équipe de France de Softball (Top 6 décroché lors de l’Euro 2025 il y a quelques semaines) et continue d’inspirer la nouvelle génération :

« Mon but sportivement, c’est vraiment de rester dans l’équipe de France le plus longtemps possible. De pouvoir aider l'équipe de France à aller au plus haut niveau. Après, professionnellement, je ne sais pas encore. Je suis preneuse de toute opportunité qui pourrait se présenter. »
Crédit photo : @petravoet_sportsphoto

À 26 ans, Mélissa MAYEUX incarne un modèle de persévérance et d’excellence en France comme à l’international, et nous lui souhaitons de continuer à écrire l’histoire de nos disciplines au plus haut niveau.


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