Fédéral
Publication } 01-08-2024
Dans ce quatorzième épisode de Femmes de Sport, nous partons à la rencontre de Kimane ROGRON, internationale française de softball évoluant aux États-Unis.
Née le 1er avril 2001 à Saintes (France), Kimane pratique tout d’abord le baseball au sein de son collège à Montendre, en s’initiant au travers d’une animation avec l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire).
Débuts au collège et avec les Drosers de Montendre (Kimane ROGRON : troisième en bas, en partant de la gauche).
Alors âgée de 12 ans, elle intègre le Pôle France à peine trois ans plus tard et y découvre le softball.
“On y va avec mon père et on voit le cadre incroyable du Pôle de Boulouris ! Je fais les sélections, tout va bien, et avant de partir, Rémi BOUILLON (qui était le préparateur physique à l’époque), vient me voir avant que je parte et me dit “Nous on te voudrait à plein temps ici, on veut vraiment que tu viennes au Pôle l’année prochaine” !“
Kimane en discute alors avec ses parents, et décide de tenter l’aventure. La jeune femme fait ainsi ses débuts au Pôle France pour son année de seconde, et y passe toutes les années suivantes. Elle est d’ailleurs invitée pour jouer avec les Seniors alors qu’elle commence à peine le softball : plutôt prometteur pour une première fois !
“De fil en aiguille, je me suis fait ma petite place comme ça en équipe de France.”
Kimane ROGRON en troisième base avec l’équipe de France. Crédit FFBS / Armand LENOIR.
En parallèle, la jeune femme joue durant cinq années pour les Drosers de Montendre mais signe pour la saison 2017 à Grenoble afin de pouvoir évoluer en Division 1. Elle passe ensuite par le club des Comanches de Saint-Raphaël. Retrouvez son historique de clubs ainsi que sa carrière en équipe de France ici. Kimane est notamment nommée meilleure frappeuse de l’équipe de France féminine de Softball aux Championnats d’Europe 2019.
Kimane ROGRON à la frappe lors de l’Euro Softball Féminin U19 2018. Crédit FFBS / Pauline PRADE.
Lors de son entrée en première, Kimane évoque Stacy, “pitching coach” de l’équipe de France qui avait des relations aux États-Unis, ayant joué en Division 1 auparavant.
”Elle nous a mis en contact avec son ancienne coach (ma coach actuelle), Kathleen RODRIGUEZ, et avec plusieurs coachs de Junior College.”
Cette année-là, Céline LASSAIGNE emmène Kimane et deux autres joueuses faire le tour des universités américaines. Ce voyage porte ses fruits pour la Saintaise, qui se voit offrir une bourse complète pour intégrer le tournoi NJCAA Division 1 Softball avec le Trinity Valley Community College (TVCC) après obtention de son baccalauréat.
“Donc j’ai eu mon bac, je suis partie, et tout s’est très bien passé ! J’ai passé une année covid qui n’a pas compté, donc j’ai refait l’année d’après et cela a été compté comme ma première année (freshman).”
Kimane ROGRON à la frappe avec le Trinity Valley Community College.
Avec les Cardinals du TVCC, Kimane remporte par la suite le tournoi de la Région XIV East Zone et est nommée dans l’équipe deux All-Conference en mai 2021.
Kimane ROGRON en défense avec le Trinity Valley Community College.
“Et après ça, ma coach s’est faite recrutée pour coacher en Division 1 à Corpus. Elle m’a demandé si j’étais intéressée à l’idée de venir jouer pour elle (en Division 1). Et j’ai dit oui !”
De 2022 à aujourd’hui, Kimane passe alors deux ans et demi au plus haut niveau du softball féminin universitaire, en NCAA Division 1 Softball avec les Islanders de la Texas A&M Corpus Christi. La jeune joueuse vient de terminer sa saison avec cette même équipe en mai 2024, suite à l’obtention de son diplôme.
Kimane ROGRON avec l’équipe des Islanders en NCAA Division 1 Softball.
Kimane continue néanmoins sa carrière avec l’équipe de France féminine de Softball en parallèle. L’effectif revient d’ailleurs du Tournoi de Barcelone 2024, ayant eu lieu début juillet.
Les Bleues attendent Kimane ROGRON pour la féliciter après son home-run lors de l’Euro Softball 2019. Crédit FFBS / Armand LENOIR.
Concernant son adaptation aux États-Unis, Kimane n’a pas eu de souci à s’intégrer !
“Moi j’ai trouvé ça plutôt facile, parce que le fait d’être partie au Pôle à 15 ans, au final la distance n’était plus vraiment un problème. [...] Les filles de mon équipe là-bas étaient super sympas. C'était un peu compliqué je dirais niveau anglais, surtout en cours parce que ce n’est pas du tout le même anglais que celui de la vie de tous les jours. Mais vu que j’étais toute seule, je pense qu’au bout de vraiment trois semaines ou un mois : c’était bon.”
Après un semestre, Kimane est déjà pratiquement bilingue.
“Adaptation plutôt facile on va dire, vu que les gens étaient sympas cela a rendu le job plus facile !”
Un job facile, aussi car il s’agissait en réalité d’un rêve pour la jeune femme !
“J’ai toujours rêvé d’aller aux États-Unis, même avant de jouer au baseball et au softball, je regardais tout le temps et je voulais que mes parents m’envoient pour une année au lycée là-bas !”
Kimane ROGRON lors de sa remise de diplôme à la Texas A&M Corpus Christi University en mai 2024.
Si Kimane a vu une différence en termes de nourriture aux États-Unis, niveau softball, elle a de suite apprécié la compétitivité et le niveau global qui l’ont poussé à donner le meilleur d’elle-même.
“J’arrivais dans une équipe où tout le monde était la meilleure de son équipe d’avant. C’est toutes les meilleures qui sont regroupées dans une équipe. [...] Là j’arrivais et il fallait que je prouve que je suis meilleure que les 25 autres. Et encore pire quand je suis arrivée en D1, parce que là c’est encore le niveau d’au-dessus. J’adore la compétition, alors là pour le coup ça m'a vraiment boosté !”
Un boost de motivation qui a également permis à la joueuse de réaliser son potentiel.
“En fait, je m’en suis rendue compte en partant, parce que je ne savais pas vraiment quel niveau de softball j’avais, je ne savais pas trop comment me situer. Parce que oui en France j’étais bonne, mais est-ce qu’à l’étranger je le serai aussi ? Et du coup d’y aller et de voir qu’en fait, oui, j’avais ma place et que je n’étais pas si en retard que ça, du coup je me suis dit “en fait oui je peux le faire” !”
Photo officielle de Kimane ROGRON au sein de l’équipe des Islanders en NCAA Division 1 Softball.
Parmi les personnes qui l’ont inspiré, on retrouve bien sûr Mélissa MAYEUX, dont Kimane a suivi les traces en devenant la troisième Française (après Eloïse TRIBOLET) à évoluer en NCAA Division 1 Softball.
“C’est vrai que de voir Mélissa qui venait juste du baseball, et de la voir arriver à se faire sa place, et à signer dans une grosse école aussi, et puis d’avoir joué avec elle (pour la première fois en équipe de France je crois en 2019), et de la voir, je me disais en fait : c’est possible ! Moi aussi je peux, si elle peut, je peux !”
Les deux Françaises ont notamment gardé contact aux États-Unis.
“Elle est venue me voir jouer. C’était vraiment cool de voir des Françaises là-bas !”
Kimane ROGRON avec l’équipe des Islanders en NCAA Division 1 Softball.
Kimane a tenu à particulièrement remercier Jean LENOIR, qui l’a initié au baseball à l’âge de 12 ans, mais également Céline LASSAIGNE qui lui a “tout appris de A à Z”, et sa coach Kathleen RODRIGUEZ.
“Ce sont les trois personnes qui ont le plus impacté ma carrière. Et tout le staff des équipes de France bien sûr, les coachs des équipes Jeunes, etc.”
Lorsqu’on lui demande ses ambitions actuelles, ayant décroché son diplôme, Kimane nous répond ceci :
“Niveau éducation, j’aimerais être dentiste donc là mon but est d’aller en école dentaire mais aux États-Unis. Après niveau softball, je pense : soit je finis cette année, soit je repars pour un tour l’année prochaine, je ne sais pas encore, c’est à discuter ! Et après je suis aussi fan de crossfit du coup je m’y mets à fond, et aux USA c’est quelque chose d’énorme aussi donc j’adore !”
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